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Envers l’évêque de Périgueux, le ton n’est pas moins familier.

Voici le bon prélat qui siège,
Pâtés par-ci, pâtés par-là ;
Le pape a-t-il un privilège
Qui vaille mieux que celui-là ?
Perdrix rouge et truffe excellente,
On trouve là de tout cela,
On y fait chère succulente.
On trouve là de tout cela.
Monseigneur nous en enverra.


Le couplet à Mme Le Comte est beaucoup plus respectueux.

Je vois une aimable meunière,
Talens par-ci, talens par-là.
Des beaux-arts la troupe légère
Est toujours à ce moulin-là.
On les entend dire autour d’elle
Guérissons-la et servons-la ;
Où trouver un meilleur modèle ?
Chérissons-la et servons-la,
La reine de ce moulin-là.


Enfin celui à Mme de Pailly l’est encore davantage, sauf le reproche de calvinisme, qui est fait sans doute pour donner satisfaction aux deux prélats.

J’aperçois la belle Bernoise
Qu’on aime ici tout comme là ;
Elle n’est fine ni sournoise,
Son pays n’a point de cela.
L’humeur douce et l’âme sensible,
Chacun sait bien qu’elle a cela ;
Mais elle entend très mal la Bible.
Elle a cela, ce défaut-là,
Et c’est le seul défaut qu’elle a.


La soirée finit par une ronde en l’honneur de Mme de Rochefort, que chante le duc de Nivernois, et dont le refrain est repris en chœur. Nous n’oserions pas affirmer que les deux prélats chantent aussi ; pourtant il est dit dans la ronde que chacun doit répéter le refrain.

En terminant par cette ronde une étude de mœurs commencée par une discussion métaphysique, nous avons cherché à indiquer les tendances diverses qui se peuvent distinguer dans une des régions les plus raffinées de la haute société française au XVIIIe siècle. Il est évident que ce qui manque à ce monde groupé autour de Mme de Rochefort, ce n’est ni l’esprit, ni l’élégance, ni la bonté, ni l’aptitude aux idées sérieuses, ni la gaîté, qui s’y rencontre