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professionnelle, et qui acceptent hardiment les nouvelles conditions d’existence que leur prépare la société.

Tel est l’exemple libéral et sage que leur donne le docteur de Valcourt dans son livre sur les Institutions médicales des États-Unis. Chargé par le ministère de l’instruction publique de faire une enquête sur la grave question de la liberté de l’enseignement médical, l’auteur de ce livre intéressant et utile est allé chercher la solution du problème dans le pays traditionnel de toutes les libertés. Il a visité en détail les principales universités et les grands écoles médicales des États-Unis ; il en a étudié l’organisation, comparé les programmes, interrogé les professeurs et les élèves. Il s’est rendu compte des méthodes suivies, de la manière dont se font les examens, de la façon dont les médecins américains remplissent les devoirs de leur profession, et malgré la trop grande précipitation des études, malgré la trop grande indulgence des examinateurs, malgré l’esprit de spéculation qui s’introduit dans l’enseignement, malgré les facilités données au charlatanisme ignorant par un régime de liberté sans bornes, sa conclusion est définitivement favorable au système de la concurrence. L’état, suivant lui, ne doit intervenir que pour exercer une surveillance générale et conférer des diplômes, l’enseignement lui-même demeurant absolument libre. « La conclusion, dit-il, à laquelle nous nous arrêtons, c’est que le meilleur mode d’enseignement consiste à allier, en ce qui concerne la médecine, la liberté avec le contrôle de l’état. »

La liberté, en cela comme en toute chose, fournit elle-même un remède efficace à ses propres excès. La nécessité s’est fait sentir de mettre un peu d’ordre au milieu même de cette anarchie dont le Dr de Valcourt nous présente le curieux tableau. On a éprouvé le besoin de former un corps médical dont les membres fussent unis par un lien de confraternité et de surveillance mutuelle, d’établir des garanties sérieuses qui pussent rassurer le public et lui permettre de distinguer les véritables savans dans la foule des spéculateurs et des charlatans grossiers. Or c’est la liberté même qui en a fourni le moyen. Grâce à elle ont pu se fonder de grandes associations médicales où l’on n’est admis que sur des titres sérieux, et qui exercent sur leurs membres un véritable droit de police. Ce sont comme des académies qui font subir aux candidats des examens sévères, et qui règlent dans tous ses détails l’exercice de la profession médicale, quelques-unes imposent même à leurs membres des tarifs obligatoires, et un manquement à la règle commune doit être puni de l’expulsion. Au-dessus de toutes les sociétés locales est placée l’Association médicale américaine, composée des délégués de toutes les autres. De cette façon, les médecins honorables se protègent eux-mêmes contre la concurrence des praticiens vulgaires, et le public est mis en garde contre les pièges des charlatans.

Il en est de même du régime intérieur des écoles médicales. Là encore