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IMPRESSIONS DE VOYAGE
ET D’ART.

VI.

SOUVENIRS DE HOLLANDE[1].



I. — LEYDE

Leyde est la première ville où le caractère hollandais se présente dans toute sa pureté et son originalité natives. La Haye est une ville cosmopolite avec des formes hollandaises ; à Rotterdam, le caractère des Flandres est partout reconnaissante ; à Leyde, toutes ces particularités de nature hybride qui marquent la transition d’un pays à un autre ont disparu. Dans cette ville, en partie déchue de son ancienne splendeur, respire plus que partout ailleurs, plus même qu’à Harlem, la vieille vie bourgeoise hollandaise du XVIIe siècle avec ses habitudes d’économie et de propreté. Cette propreté hollandaise, qui est devenue proverbiale, c’est à Leyde qu’il faut aller pour la trouver dans ce qu’elle a de plus exquis et de plus sensé à la fois. Rien n’est donné au luxe et au plaisir des yeux : les magasins sont aussi modestes que des boutiques d’autrefois, les habitations ne font aucune avance de coquetterie à l’attention du promeneur ; mais cette modestie enveloppe une propreté irréprochable, qui est dans l’être et non dans le paraître. Mille détails trahissent la persistance des anciennes habitudes au sein de nos mœurs modernes, et reportent la pensée vers les intérieurs que nous ont si

  1. Voyez la Revue du 15 mars.