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L'ALLEMAGNE
DEPUIS LA GUERRE DE 1866

X.
LES LUTTES CONFESSIONNELLES EN AUTRICHE, A PROPOS DU CONCORDAT DE 1866.

Dans une précédente étude, j’ai essayé de montrer comment le concordat de 1855, transformant les lois canoniques en lois de l’état, avait pour ainsi dire garrotté l’Autriche en des liens empruntés au moyen âge, élevé de toutes parts des obstacles au développement intellectuel et matériel des populations de l’empire[1]. Il nous reste à voir maintenant au prix de quelles luttes la Cisleithanie est parvenue à s’affranchir du joug qu’on avait fait peser sur elle.

Pour les états de la Transleithanie, la difficulté a été résolue d’une façon très sommaire. Les Hongrois, se plaçant comme toujours sur le terrain du strict droit constitutionnel, ont considéré le concordat comme n’ayant point forée légale pour les pays dépendans de la couronne de Saint-Etienne, attendu que ce traité, conclu par le souverain, n’avait pas été voté par la diète, et que nulle loi ne peut avoir d’effet en Hongrie tant que les représentans de la nation ne l’ont pas ratifiée. cette fin de non-recevoir hautaine, cette tranchante exception, conforme à l’esprit juridique des Magyars, coupa court à tout débat. Les dispositions du concordat ne furent point appliquées ; ni le gouvernement, ni même le clergé ne réclamèrent. Rome essaya en vain de pousser l’épiscopat à la lutte. Le haut clergé

  1. Voyez la Revue du 15 avril.