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CHRYSOSTOME ET EUDOXIE.

timent des pères de Nicée, je me suis placé en face de cette assemblée si grave et si sainte, et j’ai reconnu que le sacré collége de ces pères détourne les yeux pour improuver une telle action, et me défend à moi-même d’y acquiescer. Comment en effet un homme déposé du sacerdoce peut-il être mis au rang des prêtres de Dieu et avoir quelque part à leur sort vénérable, à moins que le mot de sacerdoce ne soit qu’une parole dérisoire et une fiction ? Que si au contraire ce mot désigne une grande et auguste qualité qui sépare les prêtres d’avec le peuple et établit entre eux comme un mur et une barrière, il ne faut point confondre des choses qui ne peuvent point être confondues ; il faut au contraire les tenir chacune dans son rang particulier, avec l’honneur qui lui convient, ne point mettre un laïque au rang des évêques, ou ne point compter parmi les véritables prélats un homme qui n’a pas ou n’a plus cette qualité. Honorez donc, je vous en prie, les sentimens des illustres pères, nos prédécesseurs, et consultez aussi l’opinion de ceux qui sont en ce monde ; agir comme vous le faites, n’est-ce pas les remplir de la plus profonde des afflictions ? Épargnez également cette affliction à nous-même, et faites cesser l’occasion d’un deuil public et mérité.

Il est vrai que c’est une bonne action, et digne d’un homme sage, d’avoir une conduite accommodante, selon la diversité des temps, pourvu qu’elle soit non-seulement sans danger, mais avantageuse au troupeau de Jésus-Christ. C’est dans cet esprit que saint Paul se disait tout à tous, hasardant quelques dommages légers pour un gain considérable ; mais dans la circonstance présente quel est le gain que vous espérez ?

Votre piété est montée sur le siége de Constantinople depuis déjà si longtemps, qu’il n’est plus personne dans cette ville qui éprouve de la répugnance à se trouver avec elle dans les assemblées ecclésiastiques, et si quelques-uns, au commencement, s’étaient séparés de vous par esprit de contention, ils se sont ralliés depuis par la grâce du Seigneur. Existe-t-il encore quelque magistrat qui n’écoute point la voix de votre piété, ou qui reste séparé du corps des fidèles à cause de vous ? Il n’y en a pas un, et je prie Dieu que cela n’arrive jamais. Quelles sont donc les personnes dont vous avez le dessein de procurer le salut en les faisant rentrer dans l’église, lorsqu’au contraire vous excluez de son enceinte toute l’Égypte, la Thébaïde, la Libye, la Pentapole, et tant d’autres provinces qui réprouvent l’œuvre que vous prétendez bonne ? Vous sacrifiez ceux que la grâce du Sauveur maintient fermes dans le devoir au profit incertain de quelques esprits inquiets, et, dans l’intention de plaire à une poignée de séditieux qui hasardent leur salut pour la malice d’un seul homme, vous rompez avec des provinces fidèlement attachées aux décisions de l’église. Quel parti