De toutes les questions qui préoccupent en ce moment l’opinion publique, il n’en est pas qui soit plus digne d’être méditée que celle de la liberté de l’enseignement supérieur. Éclairée par les brillantes discussions soutenues devant l’une et l’autre chambre pendant les dernières années de la monarchie de juillet, cette question, qui paraissait abandonnée, s’est représentée de nouveau il y a deux ans, et les lecteurs de la Revue n’ont certainement oublié ni la fameuse pétition Giraud dont le sénat fut saisi au mois de juin 1867, ni le vif débat qui s’ensuivit en mai 1868. Pour la première fois depuis longtemps, le sénat offrit le spectacle de séances tumultueuses et de contradictions violentes. Il s’agissait d’imposer au gouvernement des mesures réactionnaires contre la faculté de médecine de Paris, et d’arrêter le prétendu débordement des doctrines matérialistes. On dénonçait l’enseignement de l’école, on faisait aux professeurs un procès de tendance, et l’on voulait convertir la haute assemblée en un concile qui se fût déclaré compétent pour connaître des méthodes et des doctrines. Après une discussion qui prit plusieurs