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Nemours débouche la première, les zouaves en tête, sur le Mansoura, et rejette vivement l’ennemi dans la ville. Le général en chef prend immédiatement ses dispositions d’attaque.

Le duc de Nemours est nommé commandant du siège, avec le capitaine de Salles pour major de tranchée. Le général Trézel est chargé de la défense du Mansoura, où s’établissent le quartier-général et les parcs. Le poste de Coudiat-Aty est confié au général Rulhières, qui l’occupe promptement avec les 3e et 4e brigades, sans autres pertes que celles occasionnées par les boulets de la place.

Pour surveiller les sorties, sans trop livrer les hommes aux vues de la place, il fait immédiatement élever, par trois compagnies de sapeurs et deux bataillons, des retranchemens en pierres sèches sur les crêtes les plus rapprochées de la ville; les autres troupes sont disposées pour contenir l’ennemi extérieur. Achmed, en effet, a déjà pris ses contre-dispositions : sa cavalerie s’est rapprochée des lignes françaises, qu’elle enveloppe et menace, surtout vers Coudiat-Aty; c’est là toujours le point décisif.

Dès le premier coup d’œil, les commandans du génie et de l’artillerie ont reconnu que ce front est le seul où il soit possible d’essayer une brèche; mais avant d’attaquer directement cette place hérissée de canons, il est nécessaire d’éteindre les feux de la casbah et de prendre de revers et d’enfilade les batteries du rempart de Coudiat-Aty, en se plaçant sur le prolongement de ce front, autant que le permettra son extrême obliquité par rapport au Mansoura. Le personnel et le matériel de l’artillerie sont d’ailleurs trop peu nombreux pour conduire à la fois les deux attaques, qui sont commandées, celle de Coudiat-Aty par le chef d’escadron d’Armandy, et celle de Mansoura par le chef d’escadron Maléchard.

Sur ce dernier point, le général Valée a déterminé lui-même l’emplacement de trois batteries. La première, batterie du roi, pour avoir moins de commandement et plus d’enfilade, prolonge à mi-côte la courtine de Coudiat-Aty, qu’elle doit battre à 600 mètres avec une pièce de 24, deux de 16 et deux obusiers de 6 pouces. La deuxième, batterie d’Orléans, placée à la droite de la redoute tunisienne, combattra la casbah à 800 mètres avec les deux autres pièces de 16 et deux obusiers de 8 pouces. La troisième batterie recevra les trois mortiers, et tirera de la gauche de la redoute tunisienne sur tous les édifices et sur les batteries à ciel ouvert de la casbah.

Le génie fait une rampe de 1,200 mètres en remblai pour l’armement de la batterie du roi ; mais la dureté du roc dans lequel il fait creuser les plates-formes ralentit l’établissement des batteries.