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l’Elbe par exemple y aurait figuré. Il semble donc démontré en thèse générale que la carte qu’on possède à Vienne, exécutée au XIIIe siècle, reproduit la carte primitive dressée par ordre du ministre d’Auguste, Agrippa, autour du portique d’Octavie, en y ajoutant non-seulement certaines indications datant du XIIIe siècle même et provenant de celui qui a exécuté cette dernière copie, mais une foule d’autres désignations géographiques, héritage des différens siècles à mesure que se multipliaient les éditions du monument original.

Voilà au milieu de quel dédale M. Ernest Desjardins a entrepris de porter la lumière. Il voudrait retrouver à quel temps appartient chaque addition successive. A propos de chaque nom de ville, de peuple, de rivière ou de montagne, il réunit avec une patience de bénédictin tout ce que les écrits des anciens ou du premier moyen âge nous ont laissé de témoignages utiles ; puis il compare, critique et, s’il est possible, conclut. C’est assez indiquer de quelle nouveauté sera ce grand travail. Une reproduction figurée nous rend en outre, en dehors du commentaire, le précieux monument, avec une exactitude toute scientifique et toute plastique. L’habileté des procédés modernes fait de ce scrupuleux fac-simile une œuvre toute différente de ce qu’étaient les gravures plus ou moins arbitraires des anciens éditeurs Scheyb et Mannert. Déjà, grâce à un examen plus attentif, M. Desjardins a découvert sur la carte de Vienne on ensemble de signes à moitié effacés qui lui paraissent marquer toute une répartition de provinces dont on ne s’était pas aperçu qu’il était tenu compte. Le beau volume in-folio de M. Desjardins, magnifiquement exécuté, est en voie de publication et comprend déjà les six premiers segmens de la carte. Nous avons tout lieu d’espérer que la difficulté des temps n’arrêtera pas un travail si utile, destiné à dépasser de beaucoup l’œuvre précédente des deux éditeurs allemands, et à faire grand honneur à notre école d’érudition française. .


A. GEFFROY.


C.BULOZ.