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un traité contre l’ennemi commun ; que Maurice néanmoins, pour procurer la tranquillité des peuples, avait ouvert l’oreille à des propositions pacifiques, dont sa loyauté avait fait part au roi de France ; que sa majesté très chrétienne, plus touchée du bien public de l’Allemagne que de l’intérêt particulier de son royaume, n’empêcherait point qu’on traitât de la paix, pourvu que les anciennes plaies fussent guéries, que les princes prisonniers fussent mis en liberté, que la liberté de la nation germanique fût solidement garantie, et qu’enfin l’ancienne union de l’Allemagne et de la France demeurât confirmée. Quant aux griefs spéciaux de la France contre l’empereur, le roi se réservait son droit et la faculté de les faire valoir[1].

Les princes répondirent qu’ils avaient avec plaisir ouï parler de l’ancienne amitié de la France avec l’Allemagne, qu’ils remerciaient le roi de l’affection qu’il leur témoignait en préférant le bien public à ses intérêts particuliers, jusqu’à permettre que ceux de la ligue entrassent en accommodement avec l’empereur, et qu’ils en garderaient une reconnaissance perpétuelle en montrant au roi en toute conjoncture leur dévoûment. L’évêque de Bayonne évita de traiter les questions religieuses, comme on a pu le remarquer, et après la signature de la transaction il vint lui-même rapporter au roi le message de Maurice, qui l’en instruisait. Henri II y répondit par cette nouvelle lettre, datée de Villers-Cotterets, le 26 août 1552 : « L’évêque de Bayonne est arrivé par devers moi, lequel m’a fait entendre les grandes, honnêtes et amiables offres que vous l’avez prié me faire de votre part, que j’ai reçues à bien grand plaisir, pour être assuré qu’elles partent de la bouche d’un prince pour qui je pense avoir tant fait, qu’il ne me peut ni doit être autre que perpétuellement ami, et encore que pour le bien commun de la Germanie, restitution de son ancienne liberté, et en particulier pour votre grandeur, j’eusse bien désiré que les choses si grandes et louables, si bien et vertueusement par nous respectivement encommencées, eussent pris autre fin, toutefois ayant su par ledit évêque de Bayonne les causes et occasions qui vous ont été motives de votre accord, j’ai le tout pris en bonne part, et m’est demeuré cet aise et contentement, que je vois que, avec la faveur de mon aide, l’empereur a été réduit à cette nécessité de s’obliger si avant, comme il l’a fait, à la restitution de la liberté germanique et à la délivrance de mon cousin le landgrave de Hesse, votre beau-père, qu’il a si longuement et misérablement détenu prisonnier. Reste de voir ce

  1. Voyez de Thou, liv. X, où tout le détail de cette affaire est amplement exposé, probablement d’après les mémoires de du Fresne (Fraxinus), que le traducteur français appelle de Fresse.