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marchandises coloniales et étrangères, c’est-à-dire pour des marchandises dont la valeur représentait exactement celle d’articles sortis des fabriques anglaises, de 4,800,000 liv. st. à 12,600,000 liv. ; il n’était pas douteux que la réforme de 1860, en favorisant un pareil développement, n’eût eu aussi pour résultat d’alléger les souffrances des districts cotonniers.

En 1864, la guerre de la Nouvelle-Zélande étant terminée, d’autres réductions devenaient possibles sur les services de la guerre et de la marine, et la somme des crédits demandés pour cet exercice fut seulement de 66,900,000 liv. st., soit de 1 million de liv. inférieure à celle des dépenses de 1863. Il était permis aussi d’espérer que les produits ne baisseraient pas. Quoi qu’il en fût, pour ne pas avoir de déception à cet égard, M. Gladstone ne les évalua qu’à 69,450,000 livres sterling, et l’excédant des ressources devait être ainsi de 2,550,000 liv. st. Une nouvelle remise pouvait donc être faite aux contribuables, et le ministre proposa de la porter à 2,330,000 liv. en réduisant l’income-tax d’un autre denier, et le droit sur le sucre d’un quart environ. La discussion fut vive au sujet de ce dernier dégrèvement, parce que plusieurs membres auraient préféré qu’il eût lieu plutôt au profit soit du malt, soit des spiritueux. Le malt est, on le sait, l’orge préparée pour faire la bière, et pendant longtemps il y avait eu tout à la fois droit sur le malt et droit sur la bière. En 1829, le second avait été supprimé, et bien que la bière se trouvât ainsi dégrevée de moitié, l’accroissement de consommation de cette boisson en trente-cinq années n’avait pas suffi pour rendre dans son entier l’ancien revenu, qui était de 7,300,000 liv. st. Le malt-tax en effet ne rendait encore que 6,200,000 liv., et M. Gladstone en concluait que toute réduction de ce côté serait concédée en pure perte pour le trésor. Il fit observer que d’ailleurs, quand l’état consentait à sacrifier un revenu de 1,300,000 liv. st., il était juste que chacun bénéficiât d’un pareil abandon. Or non-seulement le droit établi sur le malt, ne représentant que le cinquième du prix de la bière livrée au consommateur, ne pouvait être considéré comme onéreux ; mais la bière était surtout le breuvage national de l’Angleterre, puisqu’elle y rapportait au trésor 5,700,000 livres sterling, tandis qu’elle n’en donnait en Écosse et en Irlande que 560,000. L’Angleterre profiterait donc à peu près seule de la réduction, et alors, pour rendre l’avantage égal entre tous, il faudrait aussi diminuer le droit sur le wisky, liquide dont faisaient principalement usage les deux autres parties du royaume-uni ; mais toucher au wisky ainsi qu’aux autres spiritueux serait porter la plus fâcheuse atteinte au régime de l’excise, dont ils étaient à la fois la source de produit la plus importante et la moins criticable. Malgré la surtaxe qui frappait les spiritueux, le revenu qu’en retirait