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L’ARTILLERIE DEPUIS LA GUERRE.

teries nécessaires au 12e corps, qui sont allées disparaître, elles aussi, dans le gouffre de Sedan, puis 30 autres batteries pour les 13e et 14e corps, qui combattent depuis trois mois devant Paris. Toutes ces batteries de campagne, moins 7, sont des batteries improvisées soit avec des fractions de batteries à pied, soit de toutes pièces. Depuis l’investissement de Paris, 42 autres batteries de personnel ont été formées avec les seules ressources que renfermait la capitale. Au petit nombre d’officiers que comptaient encore les dépôts des 4e et 11e régimens, ou qui étaient parvenus à s’échapper des mains des Prussiens, sont venus se joindre nos camarades de l’artillerie de marine, quelques officiers de la flotte, d’autres sortis de la retraite ou relevés de la démission, des ingénieurs, des élèves des écoles. Appel a été fait aux anciens sous-officiers et brigadiers d’artillerie, devenus gendarmes, douaniers, forestiers. Grâce à l’admirable élan et au dévoûment absolu de tous, il s’est formé une nouvelle artillerie, qui a déjà donné et qui donnera encore des preuves de sa solidité. Il est inutile, je pense, d’affirmer que les approvisionnemens en munitions à canon étaient en rapport avec les besoins de l’armée, et que les places fortes étaient en état de se défendre. Les assertions produites sur ces deux points se sont contredites les unes les autres et se sont annulées. Il n’en reste que ces faits certains, c’est que, malgré la perte immédiate des lignes de chemin de fer se dirigeant du centre de la France vers l’est, l’armée bloquée sous Metz a pu y livrer plusieurs batailles avant d’avoir épuisé ses munitions, et que des bicoques comme Toul, Phalsbourg et Montmédy, ont résisté pendant plusieurs mois avant d’ouvrir leurs portes.


III.

L’armement particulier des troupes, sans être aussi largement établi que l’était le matériel spécial de l’artillerie, était cependant assuré. Il ne faut pas perdre de vue que l’objet principal de cet armement, le fusil d’infanterie, a été soumis depuis trente ans à d’incessantes modifications dans les modèles et depuis quatre ans à un changement radical de système. Il faut se souvenir aussi qu’il n’entrait pas dans les intentions du gouvernement impérial d’arriver à l’armement général de la nation, et que les députés de 1867, lorsque le maréchal Niel leur demandait le crédit nécessaire pour fabriquer rapidement 1,800,000 fusils Chassepot, ne lui ont accordé que la somme correspondante à 1,200,000. Malgré cela, et défalcation faite de 30,000 fusils cédés au département de la marine, il