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Paris politique
et municipal.


Quelques esprits agitent déjà la question du déplacement de la capitale de la France. Sans aborder un aussi difficile problème, tous les bons citoyens se préoccupent des mesures à prendre pour conserver à Paris ses libertés municipales sans mettre en péril l’existence du pouvoir politique. Ces deux questions se tiennent. Je voudrais essayer de recueillir, de saisir sur le fait les indications décisives que l’histoire de Paris, depuis le commencement de la guerre et surtout pendant le siège, fournit sur l’une et sur l’autre. Tout en ne négligeant aucun des rudes devoirs de l’heure présente, il faut songer au lendemain, car la France, je le crois fermement, aura son lendemain. Si l’on n’étudie pas les lois politiques dans les bouleversemens de l’histoire comme les savans cherchent à découvrir les lois physiques dans les perturbations de la nature, on s’expose toujours, avec l’insouciance qui a coûté si cher aux Français, à porter la peine des mêmes fautes sans en tirer le bénéfice d’une régénération. Ces problèmes s’imposeront, et ils seront certainement parmi les premiers qu’il faudra résoudre aussitôt après la guerre.

I.

À la fin de l’empire, l’antagonisme entre Paris et la province était arrivé à son comble. Les élections de 1863, et bien plus encore celles de 1869, avaient constaté le déchirement de la nation en deux Frances qui ne votaient plus, ne croyaient plus, ne pensaient plus de la même façon, — la France des villes et la France des campagnes, Paris et la province. Nos malheurs affaiblissent chaque jour les rancunes et les préjugés sur lesquels se fonde ce déplorable antagonisme, mais il n’est pas encore détruit. Que dis-je ? il y a plus