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dans. C’est par là que passe une petite broche métallique interposée entre la capsule et le percuteur. Par le mouvement de rotation rapide que le projectile opère sur lui-même en sortant du canon, cette petite broche ne tarde pas à être projetée au loin en vertu de la force centrifuge, et au moment du choc le percuteur peut agir librement sur la tête de la capsule ; jusque-là, l’intervention de la broche avait pour but de prévenir tout danger d’une inflammation anticipée.

On connaît les dégâts que produit un obus en tombant sur un édifice. D’abord il y fait une large brèche, il l’ébranle sur sa base, et, en éclatant à l’intérieur, continue ses effets de démolition. L’expansion subite des gaz dus à la combustion de la poudre ajoute ses terribles effets à ceux de la projection violente des nombreux et lourds éclats de l’obus ; mais il est rare qu’un commencement d’incendie soit provoqué par tous ces phénomènes. Pour mettre le feu aux édifices, on se sert spécialement de bombes et d’obus incendiaires du genre de ceux qu’on appelle carcasses, et présentant trois ou quatre trous ou évens. Ceux-ci donnent issue à la flamme provenant d’uns composition chimique fusante introduite à l’intérieur. Les substances surtout employées sont des sels et des liquides explosibles. Ces derniers temps, le pétrole a joué un grand rôle dans ces compositions, et l’on sait quel abus les Prussiens ont fait de cette huile minérale pour leurs projectiles incendiaires au bombardement de Strasbourg. Disons enfin un mot des obus à balles. Ces obus portent sur leur culot, au centre, une ouverture fermée par une forte vis d’acier, et par où l’on introduit un nombre variable, suivant le calibre de la pièce, de 200 à 500 balles, entre lesquelles on coule du soufre. Ces obus doivent éclater en l’air, à temps c’est-à-dire à un moment calculé, en avant du point que l’on vise. On se figure les effets meurtriers de ces projectiles tombant sur les hommes d’une batterie. Les Prussiens s’en sont peu servis contre nous.

Autrefois le feu était mis aux bombes et même aux obus ordinaires par un artifice fusant qui continuait à brûler assez longtemps en arrivant à terre. C’était alors, dit la légende, que de courageux soldats se dévouaient à une mort presque certaine pour aller couper la mèche d’un coup de sabre et même l’arracher à la main ; au siège de Sébastopol, on citait des actions de ce genre. Tout cela n’est que de la fable ; il n’y a jamais eu de mèches à couper, et les procédés scientifiques mis en usage pour l’ignition d’un obus ne vous laissent d’autre moyen de préservation que de vous coucher à terre, à plat ventre, si vous pouvez ou si vous osez, en entendant le cri traditionnel : gare la bombe ! ou le sifflement du projectile, qui en annonce la venue d’aarez loin. Les mauvais plaisans appellent