Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 91.djvu/728

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de mettre les circonstances à profit pour recueillir des observations sur les animaux de la contrée envahie. Depuis cette époque, M. Swinhoe a beaucoup voyagé dans l’intérieur de la Chine, et, partout où il a été, il s’est appliqué avec succès à l’étude de la faune. D’autre part, un investigateur plein de sagacité et de résolution ayant accepté la tâche d’explorer le fameux empire sous le rapport de l’histoire naturelle, et ayant admirablement réussi dans l’entreprise, nous avons vu cesser un état d’ignorance des plus regrettables.


II.

En 1861, le père Armand David, de la congrégation des lazaristes, partait pour la Chine avec la pensée de servir Dieu et la science. Le digne missionnaire avait autrefois enseigné l’histoire naturelle dans la petite ville de Savone ; profondément versé dans la botanique et dans la zoologie, il devait pour de longues années, sans jamais craindre ou le péril ou la fatigue, se consacrer entièrement à des recherches dont le résultat a dépassé les espérances qu’on pouvait concevoir des efforts d’un seul homme. « Quand je suis venu en Chine, écrivait un jour l’abbé David, ma grande ambition était de partager les rudes et méritoires travaux des missionnaires qui depuis trois siècles essaient de gagner à la civilisation chrétienne les immenses populations, de l’extrême Orient ; mais, ajoutait-il, toutes les sciences qui ont pour objet les œuvres de la création tendent à la gloire de leur auteur ; elles sont louables en elles-mêmes et saintes par le but… » C’est sous l’impression de ce noble sentiment que le religieux est devenu l’intelligent scrutateur de la nature ; par une faveur dont on ne saurait trop remercier les supérieurs de la congrégation des lazaristes, le père Armand David, à raison des services qu’il rendait à la science, avait été dispensé de l’œuvre de la propagation de la foi.

Tout semblait attirer l’intérêt sur la province de Pe-tche-li, et en particulier sur le territoire où s’élève la ville de Pékin. Si rien dans les récits des voyageurs n’autorisait à compter le pays au nombre des plus beaux, la situation géographique de la contrée laissait pressentir des particularités curieuses dans la flore et dans la faune. On se rappelait les études des savans russes dans la Tartane sur les rives du fleuve Amour, comme dans une partie de la Mongolie, et l’on songeait à la possibilité de comparaisons instructives. L’abbé David, s’étant rendu tout d’abord dans la capitale de l’empire de la Chine, fit de nombreuses excursions aux alentours pendant plusieurs années ; d’après les notes qu’il a transmises et d’après les collections qu’il a formées, on peut aujourd’hui tracer fidèlement