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trop tôt ni avec trop de zèle pour déterminer ce progrès moral dont dépendra tout l’emploi de la vie, toute la série des actes à venir.


II.

En indiquant quelques-unes des réformes les plus urgentes à notre avis, nous n’avons entendu examiner que la question de doctrine et, pour ainsi parler, la législation même de l’enseignement du dessin. Reste une dernière question assez indépendante de la théorie, assez délicats, puisqu’elle met en cause toute une classe de personnes, mais qu’il est cependant nécessaire d’aborder : c’est celle qui a trait aux garanties insuffisantes qu’offrent aujourd’hui la plupart des professeurs, et aux mesures qu’il conviendrait de prendre pour obtenir à cet égard les sûretés désirables. Il va sans dire que rien de ceci ne peut s’appliquer à l’École spéciale des beaux-arts, école de haut enseignement, et dans laquelle par conséquent la direction des études est confiée presque toujours à des hommes d’un mérite éprouvé ; il s’agit uniquement de ceux qui, dans d’autres établissemens, ont reçu la mission d’enseigner le dessin élémentaire, les premiers principes et la grammaire de l’art.

Nous n’avons garde de méconnaître les services qu’ont pu rendre ou que rendent encore plusieurs d’entre eux ; mais est-ce calomnier l’ensemble des maîtres de dessin attachés à nos écoles primaires, à nos lycées, même à nos écoles scientifiques ou militaires, que de dire qu’ils sont le plas ordinairement au-dessous de leur tâche ? Peintres ou sculpteurs inoccupés en général, ils se sont réfugiés dans le professorat, et vivent comme ils peuvent d’un métier dont ils ont fait leur pis-aller. Ce serait, à tout prendre, relever une vérité incontestable que de signaler en ce qui les concerne l’absence complète d’une intervention supérieure, d’un contrôle. Une fois en possession de la place à laquelle il a été appelé, un maître de dessin peut s’y comporter à peu près comme bon lui semble, façonner ses élèves au joug qu’il lui plaira d’imposer, ou leur dispenser pour toute doctrine des recommandations uniquement relatives à la propreté du travail. Je n’exagère rien : les choses se passent ainsi là même où les hommes chargés de l’éducation pittoresque ont été désignés par l’état, là même où ils remplissent leurs fonctions à côté des professeurs officiels de sciences ou de belles-lettres. Ceux-ci, on le sait, ne demeurent pas si indépendans, si bien isolés de toute surveillance, qu’ils ne puissent recevoir de qui de droit des avertissement ou des avis. Les classes qu’ils dirigent sont soumises à des inspections régulières ; les leçons qu’ils donnent, la méthode