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rabe ou d’autres idiomes, au choix des provisores. Ce cours devra être terminé pour les élèves à quatorze ans. Tant qu’il durera, les élèves entretiendront leur connaissance avec les poètes pendant les trois mois de l’été : le premier jour de la semaine avec Caton, le second jour avec Theodolus[1], les trois jours suivans avec Tobie, etc.

Ayant achevé leur logique, les boursiers commenceront à étudier la science naturelle. Cette science étant très étendue et très profonde, il conviendrait de faire un abrégé bien clair des Naturalia de frère Albert, ainsi que des extraits de frère Thomas, de Siger et d’autres docteurs. Suivra l’étude des sciences morales, c’est-à-dire de la monostique, de l’éthique, de la rhétorique et de la politique, également au moyen d’abrégés dans le genre de l’éthique abrégée en dix livres par Me Hermann l’Allemand. Un an après, nouvelle étude de la Bible, non plus d’après des abrégés historiaux destinés aux enfans (pueriliter), mais d’après le texte (biblice), puis étude du Liber Summarum (sans doute les abrégés composés par Pierre d’Espagne, dit le Magister summularum) ; étude des cinq volumes de lois pendant deux ans, puis du Décret et des Décrétales. Ceux qui seraient destinés à être d’église pourraient négliger l’étude des lois, mais non celle des Décrétales et du Décret. Ceux qui seraient destinés à vivre dans le monde pourraient négliger les naturalia en insistant davantage sur les moralia, sur le droit civil et le droit canonique. Ceux qui voudraient étudier la médecine pourraient le faire après les naturalia, bien que la connaissance de la Bible et des sommes leur soit aussi fort utile ; dans ces livres en effet se trouvent les principes qui servent de fondemens à toutes les sciences. Ceux qui auront le moins de facilité, après une légère teinture de logique et, s’il se peut, de science naturelle, étudieront la chirurgie, l’hippiatrique ; les plus capables étudieront la médecine. Ces médecins et ces chirurgiens épouseront des femmes également instruites dans la médecine et la chirurgie.

Du Bois veut que l’on compose pour les écoliers des lois abrégées, un Décret abrégé, des Décrétales abrégées. Ces extraits seraient des libri portativi pauperum, c’est-à-dire des livres destinés à ceux qui n’ont pas de quoi acheter des ouvrages plus chers. Les bons écoliers qui auraient étudié de la manière susdite pourraient à trente ans être très habiles en philosophie, dans le droit civil et le droit canonique, et avec cela non sans expérience dans la prédication ; dès leur enfance en effet, ils auront connu le vieux et le Nouveau-Testament, avec la légende des saints, et cette étude aura encore été reprise plus tard avec le Liber Summarum.

Les prélats doivent être instruits dans la philosophie, la théo-

  1. Auteur de quatrains sur les miracles du Vieux-Testament célèbres au moyen âge.