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de l’année 1308, l’idée de procurer la couronne à Philippe le Bel fut antérieure à l’idée qui l’aurait conférée à Charles de Valois ; cela placerait le mémoire de Du Bois vers la fin de mai 1308.

XI. — Mémoire adressé à Philippe le Bel pour l’engager à fonder un royaume en Orient pour Philippe le Long, son second fils. Ce mémoire a été publié anonyme par Baluze, Vitæ paparum avenionensium, t. II, col. 186-195, et par Dupuy, Histoire véritable de la condamnation de l’ordre des templiers, p. 235. M. de Wailly a prouvé jusqu’à l’évidence qu’il appartient à Du Bois. Ce sont identiquement les mêmes idées que dans le De abbreviatione et le De recuperatione. Seulement on sent que l’auteur se croit bien plus près de la réalisation de ses plans. Un grand pas a été fait ; les biens des templiers sont sous le séquestre. Ces biens doivent servir à soutenir le futur royaume franc oriental. Tous les autres ordres établis dans l’intérêt de la croisade doivent être fondus en un seul, qui s’appellera ordre royal, et qui aura pour chef le roi de Chypre. Le roi de France restera dans son royaume pour vaquer, selon l’éternelle maxime de Du Bois, à la procréation et à l’éducation de ses enfans ; mais ses fils doivent se livrer aux expéditions lointaines. Fidèle à ses principes sur l’excellence du climat de la France, Du Bois veut que Philippe, avant de partir pour l’Orient, ait plusieurs fils, qui seront élevés en France, et qui ne quitteront eux-mêmes ce pays qu’après avoir eu des héritiers. Philippe le Bel était veuf depuis le 2 avril 1305, Du Bois lui conseille de se marier le plus tôt possible.

On a vu Du Bois, en 1306 et même dès 1300, proposer pour Charles de Valois des idées semblables à celles qu’il émet maintenant au profit de Philippe le Long. C’est probablement après avoir assisté aux états-généraux de Tours en 1308 que Du Bois aura écrit ce mémoire. Au moment où il fut composé, les templiers étaient arrêtés ; mais leurs biens n’avaient pas encore été attribués à l’ordre des hospitaliers. Cela fixerait l’intervalle où notre mémoire a été rédigé d’octobre 1307 à octobre 1311 ; mais on peut arriver à bien plus de précision. L’auteur parle de la lettre qu’il remit au roi à Chinon « le jour de l’Ascension de la même année. » Or, de 1307 à 1311, Philippe ne passa le jour de l’Ascension à Chinon que dans l’année 1308. Nous avons vu d’ailleurs que le mémoire précédent, où se trouve aussi la mention de la lettre de Chinon comme d’un fait récent, est certainement de 1308.

Cette lettre, remise au roi à Chinon le jour de l’Ascension de 1308, nous manque. On la retrouvera sans doute, ainsi que d’autres opuscules de Du Bois ; mais ces textes nouveaux ne changeront probablement pas beaucoup la physionomie de l’avocat de Coutances, telle qu’elle résulte des écrits que MM. de Wailly et Boutaric lui ont restitués. Le cercle des idées, des citations, des expressions fami-