Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 92.djvu/534

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

source abondante d’eau limpide et froide, traversée par des bulles nombreuses de gaz combustible, se voit à 2 kilomètres environ du terrain ardent, de l’autre côté du village. Le bouillonnement de l’eau produit par la sortie des bulles est tellement continu, que celles-ci, une fois allumées, communiquent le feu à celles qui les suivent, et la flamme persiste souvent pendant un temps assez long. On sent en ce lieu une forte odeur de pétrole, ce qui prouve que le gaz dégagé est, comme celui du terrain ardent du même district, accompagné de vapeurs de carbures d’hydrogène liquides.

À Porretta, les sources minérales, au nombre de sept, sont toutes de véritables fontaines ardentes, car l’eau qu’elles fournissent arrive à la surface du sol en même temps que d’abondans dégagemens de gaz. Cinq de ces sources jaillissent au pied même du mont Sasso-Cardo. L’eau qui en provient sort à des températures comprises entre 30 et 38°,5 ; elle est à la fois alcaline et salée. Pendant l’hiver, on laisse le gaz et l’eau s’échapper par les mêmes conduits ; mais durant la saison des bains on adopte une disposition ingénieuse qui permet la séparation du gaz et du liquide : l’eau minérale vient remplir les baignoires, et le gaz se rend dans un gazomètre, d’où il est distribué par des tuyaux dans les diverses parties de l’établissement qu’il est destiné à éclairer. La séparation que l’on établit ainsi artificiellement est l’image fidèle de celle qui s’opère naturellement dans l’intérieur de la colline de Sasso-Cardo. Une même fissure du sol y amène simultanément de l’eau minérale et du gaz combustible ; une portion du gaz poursuit sa route verticalement jusqu’à la cime de l’éminence, où elle donne lieu au terrain ardent, l’autre vient avec l’eau jaillir latéralement au bas de l’escarpement et y forme des fontaines ardentes.

Outre les sources minérales, il existe aux environs de Porretta une foule de points où le gaz combustible s’échappe du sol en quantité plus ou moins grande, et quelquefois avec des caractères physiques variables suivant la saison. À Fosso di Bagni, à 3 kilomètres de Porretta, le gaz sort par les fentes d’un rocher au milieu même du lit d’un ruisseau. Au moment des pluies, le ruisseau se gonfle et recouvre le rocher ; alors les bulles de gaz sont forcées de traverser l’eau pour se dégager. Dans les temps secs, la roche est à nu ; on n’est plus averti de la présence d’une source de gaz que par un léger suintement d’eau sulfurée et par le sifflement dû à la sortie du fluide aériforme.

À Gaggio, village situé dans la montagne à 4 kilomètres au-dessus de Porretta, on trouve un champ argileux traversé de toutes parts par des effluves gazeuses. Quand le terrain est sec, rien n’annonce l’existence d’un pareil phénomène ; mais après une pluie on