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l’état dans lequel nous avons trouvé la salze de Sassuolo en 1869 n’est guère en rapport avec les récits que nous venons de citer. La salze était réduite à une petite mare d’eau bourbeuse, ayant à peine 1 mètre de diamètre, d’où s’échappaient par intermittence des bulles de gaz inflammable. Aux alentours, le sol était sec, aride, dépourvu de toute trace de végétation. L’eau contenue dans la mare était fortement salée et à la même température que l’atmosphère. Les bulles se succédaient à intervalles assez rares, et il nous a fallu plusieurs minutes pour remplir le petit entonnoir qui nous servait à recueillir le gaz.

On rencontre des fontaines ardentes tout aussi bien dans la région des salzes que dans celle des terrains ardens ; elles constituent le lien qui réunit ces deux ordres de phénomènes. À 1 kilomètre environ de Sassuolo, au hameau de Salvarola, on remarque une source minérale abondante traversée par d’innombrables bulles de gaz inflammable. C’est une fontaine ardente semblable de tout point à celles que nous avons déjà décrites. Près de là se trouvent encore les sources de pétrole du mont Zibio, qui sont connues depuis la plus haute antiquité, et sur l’exploitation desquelles on avait fondé de grandes espérances en Italie, lorsque l’on connut, il y a peu d’années, les résultats merveilleux fournis par les puits pétrolifères de l’Amérique du Nord. Quelques sondages ont été entrepris au mont Zibio, mais toujours avec des capitaux insuffisans ou dans un simple intérêt d’agiotage ; aussi les exploitations commencées ont été bien vite abandonnées, et le seul point où l’on y recueille aujourd’hui du pétrole est une petite grotte creusée dans le flanc de la colline. Le rendement obtenu y est très faible, c’est à peine si la source fournit un demi-litre de pétrole par jour.

Des fontaines ardentes et des suintemens de pétrole s’observent également dans le voisinage des autres salzes de la même région. À quelques milles de Sassuno, au village de San-Martino-del-Pedriolo, il existe un puits peu profond dont l’eau est très salée et laisse voir un dégagement lent de gaz combustible. On nous a conduits dans un champ dépendant de ce même village dont la surface était comme criblée d’une multitude de trous étroits pareils à ceux que font les lombrics dans une terre humide. En approchant une allumette enflammée de chacun de ces petits pertuis, on produisait aussitôt un jet de flamme effilé ; en appliquant l’oreille contre le sol, on entendait distinctement le murmure occasionné par le passage du gaz dans les conduits exigus et en partie engorgés d’eau qui l’amenaient au dehors. Enfin, non loin de Bergullo, à Riolo, il y a aussi des sources thermales légèrement salées et sulfureuses qui laissent échapper des bulles de gaz inflammable. Ce sont encore