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Si on ne voit qu’un malade et si on ne peut pas expliquer par la contagion l’origine de la maladie, le diagnostic de la peste bovine est souvenu difficile ; ceci est reconnu par tous les auteurs. Appelé pour constater la nature d’une maladie dans les environs d’Anvers, M. Thiernesse, directeur de l’École vétérinaire de Bruxelles, m’a affirmé l’existence de la peste bovine qu’après ; s’être assuré que la maladie se transmettait par contagion avec les signes et les lésions qui la caractérisent. Vicq-d’Azyr conseille particulièrement ce moyen dans son ouvrage : avant de se prononcer sur la nature du mal, il faut observer bien les symptômes, procéder à l’autopsie des cadavres, voir si la maladie est contagieuse et comment s’opère la contagion ; mais il recommande qu’on ait soin de commencer par le « renfermement » des animaux, afin de ne pas courir les dangers de la communication. Pour faire sentir la nécessité d’une investigation rigoureuse, il rappelle « que les plus grands médecins ont erré sur la nature et l’existence de la peste humaine, que Capivaccius et Mercurialis se sont trompés relativement à la peste de Venise en 1576, que Chicoineau refusa d’abord Le nom de peste à celle de Marseille. »

Le plus souvent les moyens particuliers conseillés pour établir le diagnostic de la peste bovine sont inutiles. Le grand nombre d’animaux atteints simultanément ou dans un court espace de temps, lai gravité de la maladie, les données que l’on peut obtenir sur son origine, sur ses progrès dans le pays, joints aux symptômes que l’on observe, permettent d’affirmer l’existence de la terrible affection. Et, même quand le propriétaire : déclare qu’il n’y a pas eu de communication entre ses animaux et ceux de l’extérieur, en finit avec un peu de persévérance, quand on sait avec quelle facilité la peste bovine se transmet, par remonter à l’origine du mal.

La peste bovine n’est pas toujours identique quant aux symptômes. Elle peut revêtir différentes formes ; les diverses dénominations que lui ont données les auteurs, comme des descriptions qu’ils en font, le prouvent. Tantôt ce sont des boutons, apparaissant à la surface du corps qui frappent surtout l’observateur, tantôt ce sont des tumeurs ou des dépôts ; quelquefois il n’y a ni boutons, ni tumeurs, et alors la maladie est plus meurtrièrei. La dyssenterie, qui se montre le plus fréquemment, et qui constituait le caractère principal dans l’épizootie de 1774, manquait souvent dans celle de 1746, décrite dans la Saxe par Ens. Vicq d’Azyr nota les diverses formes sur les malades qu’il observa dans le midi de la France. Vitet a donné le nom de peste dyssentérique, morveuse ? exanthématique, à celle de 1714, qui en effet se manifestait tantôt par un grand écoulement nasal, tantôt par une forte dyssenterie, et d’autres fois par une