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souffrir de la peste bovine pendant le xviiie siècle, et qui auraient bien désiré pouvoir s’en préserver sans mettre des entraves à leurs relations commerciales, avaient fondé un prix de 8,000 florins pour celui qui aurait trouvé un spécifique ou un préservatif certain de la maladie. Excitées par l’appât de cette récompense, plusieurs personnes firent en vain tous leurs efforts. La proposition de ce prix n’eut d’autre effet que de causer le plus grand préjudice, non-seulement à la Hollande, mais encore aux nations voisines. Au point de vue des épizooties meurtrières, les nations ressemblent aux particuliers affectés de maladies incurables. Elles ne peuvent pas se résigner à leur sort, supporter leur mal en cherchant à l’atténuer ; il faut qu’elles consultent, qu’elles essaient des moyens actifs ; Un grand médecin, en voyant sortir mécontent de son cabinet un malade atteint d’une maladie incurable auquel il s’était borné à conseiller des moyens hygiéniques, dit à des amis : « Ce pauvre diable est las de vivre, il veut qu’on le fasse mourir ; je ne veux pas me charger de l’exécuter. »

Le plus puissant argument contre le traitement des bêtes affectées de la peste bovine, c’est le danger de propager la maladie en conservant des individus qui en portent les germes. On a voulu conjurer ce danger en établissant des lazarets dans lesquels on traite les animaux malades. Ce moyen paraît rationnel, et a été plusieurs fois mis en pratique en Italie, en France et ailleurs. L’Angleterre aussi a voulu, malgré les conseils de la science, avoir en 1865 son sanitarium ; mais elle n’a pas tardé à reconnaître qu’il était plus nuisible qu’utile. Les lazarets sont des foyers d’infection par eux-mêmes d’abord, et ensuite par le transport des animaux qu’on y conduit. Tout homme de bien, dit Delafond, doit les repousser, et les gouvernemens doivent les défendre. Il n’y a pas de traitement préservatif proprement dit contre la peste bovine. La mauvaise tenue des étables, la misère, la fatigue, l’encombrement dans des lieux malsains, l’épuisement, peuvent-ils prédisposer les animaux à l’épizootie ? C’est probable. Dans tous les cas, de mauvaises conditions de santé et d’hygiène les rendent plus sensibles au mal. Nous en avons la preuve en 1871, et il faut, quand on est menacé d’une épizootie, pratiquer exactement les règles de l’hygiène vétérinaire ; mais ce n’est pas là-dessus qu’on peut compter pour se garantir de la maladie. Dans tous les temps, on a reconnu l’inutilité des moyens médicaux et hygiéniques. C’est par des mesures administratives qu’il faut agir. Tous les gouvernemens ont promulgué à cet égard des lois, des décrets, des arrêts, des ordonnances, des arrêtés, etc. À ceux que nous avons rappelés, nous ajouterons un arrêté du directoire exécutif du 27 messidor an V, une ordonnance