Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 92.djvu/594

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

12 de ce mois, nous disait tout récemment M. Barral à la Société d’agriculture, le mal ne faisait plus de progrès, mais on ne se départait en rien des mesures qui avaient été adoptées et mises en pratique. L’Allemagne, d’après ce qu’on rapporte, a su se préserver en partie. Elle avait été obligée d’ouvrir ses frontières orientales au bétail étranger, et, comme cela est toujours arrivé, ce bétail a traîné après lui l’épizootie, qui a sévi pendant quelque temps dans le Palatinat. Sur notre territoire, des généraux allemands ont été obligés de faire abattre des troupeaux de bœufs pour en préserver d’autres. Ce qui a borné les ravages du mal dans quelques-uns de nos départemens, c’est la rareté du bétail. À l’approche de l’ennemi, les cultivateurs avaient vendu leurs animaux, ou les avaient conduits loin du passage de ses armées. Les quelques vaches restées dans les pays parcourus par les troupes allemandes n’ont pas tardé à succomber. Un habitant de la Champagne nous affirmait, après le débloquement de Paris, que depuis plus de deux mois la maladie avait disparu. Dans quelques cantons de l’est, elle n’a pas non plus longtemps persisté.

Ce qui doit nous préoccuper encore, ce sont les mesures à prendre après la disparition de l’épizootie. À la suite des grandes pertes qu’elle avait éprouvées en 1712-1713, l’Italie fit venir du bétail des montagnes pour repeupler ses plaines. Depuis, son exemple a été suivi par d’autres états. Avec les ressources dont nous disposons, les vides faits par l’épizootie seront rapidement comblés ; mais, avant de songer à repeupler le pays en bétail, il faut se débarrasser des malades, et, par la désinfection des lieux où ils auront séjourné ou seulement pénétré, détruire les germes de la maladie. Ce qu’il importera de faire ensuite, ce sera la surveillance des animaux importés. Il ne doit être introduit, là où la maladie ne s’est pas montrée et là d’où elle a disparu, que des animaux venant d’un pays sain. C’est alors que des certificats de santé constatant la provenance doivent être rigoureusement exigés. C’est alors encore qu’il peut être utile de faire faire des quarantaines aux animaux venant de l’étranger. Dans les contrées où l’on craint la péripneumonie contagieuse, les cultivateurs et les nourrisseurs intelligens ne manquent pas d’employer ce moyen. Toutes les fois qu’ils achètent des animaux, ils les tiennent isolés pendant quelques semaines avant de les introduire à côté de ceux qu’ils possèdent déjà.

Quelques obligations doivent également être imposées aux compagnies de chemins de fer. En Suisse, celles-ci sont tenues de désinfecter les wagons qui ont servi à porter du bétail : une amende leur est infligée, si elles ne se conforment pas à cette sage prescription. L’autorité a réglé aussi l’emploi des wagons. Il n’est pas permis d’in-