Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 93.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seulement une unité administrative, mais encore une unité judiciaire. L’on trouve des sheriffs à côté du maire, et les autorités municipales exercent les nombreuses attributions des justices of peace juges de paix et de police. La cité a un système judiciaire qui lui est propre, et qu’il serait intéressant d’étudier. Il nous suffit de dire ici que le lord-maire à une compétence fort étendue en matière de juridiction civile, comme en matière de juridiction criminelle, et que, s’il ne juge point par lui-même, ainsi qu’en droit il le devrait faire, la justice est rendue en son nom dans la plupart des cas par un magistrat spécial qui le remplace.

Au point de vue administratif, la cité renferme 108 paroisses, qui toutes ont dans de certaines limites des attributions indépendantes et souveraines. Ces 108 paroisses se répartissent en 26 quartiers. Les pouvoirs municipaux de la cité appartiennent au conseil commun (common council), composé du lord-maire, de 26 aldermen et de 206 conseillers. Suivant leur habitude, les Anglais n’ont pas redouté l’existence d’une nombreuse assemblée municipale. Le lord-maire, dont les fonctions sont annuelles, est choisi par les aldermen sur une liste de deux candidats que présente l’assemblée des maîtres et membres des corps de métier (liveries). Ces corps de métier ne sont pas composés uniquement d’artisans ou de marchands : tel personnage appartient au corps des drapiers qui n’a jamais de sa vie vendu ou fait du drap. Les citoyens notables se font affilier à une de ces corporations, dont l’entrée est subordonnée à certaines conditions, et le plus souvent à un droit pécuniaire très considérable. Il est d’usage que ces électeurs prennent pour candidats les deux premiers aldermen dans l’ordre du tableau ; il est aussi de règle que le conseil des aldermen, qui doit choisir le lord-maire parmi ces deux candidats, élise toujours celui qui est le premier inscrit. Il n’y a donc là qu’une élection de pure formalité, et dont le résultat est connu d’avance. Le lord-maire est le premier personnage de la cité : les attributions honorifiques, la considération immense, qui sont attachées à cette charge, sont faites pour surprendre nos idées. Le lord-maire est le premier juge de paix de la cité, il a les prérogatives d’un lord lieutenant de comté, il siège personnellement ou par délégué dans les cours de justice ; enfin, dans les limites de la cité de Londres, ce personnage, sortant de la corporation des drapiers, des tailleurs, des bouchers, ou d’une autre plus vulgaire encore, a le pas même sur le premier prince du sang, et ne le cède qu’au souverain. Les aldermen, au nombre de 26, sont élus par les 26 quartiers qui composent la cité. Le droit électoral appartient aux bourgeois (freemen) occupant des maisons d’un revenu imposable au-dessus de 10 livres sterling