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droits descendent jusqu’à la mer. D’immenses blocs de granit, lavés par les torrens après les grandes pluies, sont disséminés depuis les sommets jusqu’à la base, et de profonds ravins d’où s’élance une végétation abondante oflrent des aspects étranges. Le climat de Hong-kong, assurent les voyageurs, est peu agréable. Pendant les mois de juillet et d’août, la température monte au milieu du jour à 34 ou 35 degrés, et ne descend pas au-dessous de 26 à 27. En hiver, le thermomètre tombe parfois presque au point de congélation, mais le cas est rare, et d’ordinaire, quand le soleil luit. Chinois et Européens aiment encore à se garantir avec une ombrelle.

Le pin de la Chine constitue la plus grande part de la végétation de l’île, et un autre arbre vert, qui depuis longtemps a été introduit en Europe, le cunninghamia, l’accompagne dans beaucoup de localités. Des chênes et une espèce de châtaignier prospèrent sur les montagnes, ainsi que la myrica rouge, autrefois découverte au Japon. Les plantes de la famille des euphorbes sont nombreuses à Hong-kong, et parmi elles on remarque l’arbre à suif (Stillingia sebifera), d’autres espèces du même genre et les rotleras, dont on obtient une teinture, qui croissent dans les bois et les ravins. Il y a une abondance de figuiers ; le plus commun est le figuier luisant (Ficus nitida), et dans le lit des cours d’eau végète le figuier pyriforme, habituellement tout couvert de fruits quand aux mêmes lieux l’azaléa indienne étale ses belles fleurs. Des bambous de diverses sortes, groupés sur quelques points, sont d’un effet tout gracieux dans l’ensemble de la végétation. Pendant l’été, l’attention de l’observateur est encore singulièrement éveillée par la présence de certains végétaux. Les sommets des montagnes se couvrent de magnifiques orchidées, appartenant à des genres dont il existe beaucoup d’espèces dans l’Inde : fleurs pourpres et fleurs jaunes aux formes toujours bizarres[1] qui semblent créées pour causer l’étonnement des contemplateurs de la nature.

Un fait intéressant, constaté par M. R. Fortune, est en harmonie complète avec le mode de distribution de plusieurs de nos végétaux d’Europe. Les plantes qui croissent à une grande élévation sur les montagnes de Hong-kong se retrouvent à une moindre hauteur vers le nord, comme à Ning-po et dans l’île de Chusan ; répandues sous différentes latitudes, elles demeurent néanmoins attachées au même climat : azaléas, roses et violettes sauvages en offrent des exemples. À Hong-Kong, les azaîéas se montrent à environ 500 mètres au-dessus du niveau de la mer, les gordonias (Cordonia anomala), qui sont de la famille des camellias, se rencontrent

  1. Arundina sinensis, Spathoglottis Fortuni et une foule d’autres espèces observées par M. R. Fortune et le major Champion.