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la pluie. — Dans le sud de la Chine, ce sont les feuilles de bambou qui sont employées à cet usage. — Les arbres à fruits, tels que les pêchers, les pruniers, les poiriers, les citronniers et la vigne, très répandus sur les parties voisines du continent, sont assez rares à Chusan. Comme on le voit, cette île est pleine de ressources et vraiment attrayante.

Quand on passe de Chusan sur la terre ferme, c’est-à-dire dans le nord de la province de Tché-kiang, où dominent les grandes villes de Ning-po et de Hang-tcheou, tout semble pareil dans la nature. On retrouve absolument la même végétation, on voit les mêmes insectes sur les fleurs, on entend chanter les mêmes oiseaux sur les arbres et dans les buissons, on est en présence de cultures du même genre. C’est toujours le pays des daphnés, des roses, de la glycine, des pivoines en arbres, des azaléas, au milieu desquels se montre en certains endroits la charmante espèce aux fleurs jaunes[1] : pays plein d’enchantement, comme on n’en peut douter d’après les impressions des voyageurs. Ning-po est situé dans une vaste plaine coupée en partie par des rizières et des champs de trèfle ; une ceinture de collines ouverte seulement du côté de la mer entoure l’espace uni à la façon d’un immense amphithéâtre, où serpentent de nombreux cours d’eau, utilisés pour le transport des marchandises. Le district, célèbre par la production du thé, a donné lieu à de séduisantes descriptions. Placé sur un point élevé, l’observateur, pouvant étendre le regard sur toute la vallée, demeure ravi. Se rappelant un jour de contemplation sur une colline des environs de Ning-po, M. R. Fortune s’écrie : « La vue surpassait en beauté tout ce que nous avions observé jusqu’alors en Chine ; au matin, c’était délicieux. » À l’extrémité de la vallée s’élève un temple précédé d’une longue avenue ayant une bordure de pins qui près de l’édifice s’écarte de chaque côté, laissant apercevoir deux lacs artificiels ; des rivières et des ruisseaux descendent des montagnes et parcourent la plaine cultivée ; les buissons de thé, également espacés, forment de sombres bouquets sur les pentes des collines les plus fertiles. Partout dans le lointain apparaissent des montagnes irrégulièrement découpées, couvertes presque jusqu’au sommet d’arbres et d’arbrisseaux qui indiquent encore le climat du tropique. Ce sont des camphriers, des pins et des sapins[2], des cyprès[3], des chênes, l’arbre à suif. Des camellias croissent dans les bois, et des bambous, des plus beaux parmi tous ceux que l’on rencontre en Chine, poussent dans les ravins.

  1. Azalea sinensis.
  2. Cunninghamia lanceolata.
  3. Cryptomeria japonica.