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semble d’autant plus étrange ici, qu’il n’a aucun rapport avec ce qui se fait habituellement en Angleterre. Ce sont de petites figures de fantaisie, de petites scènes rustiques, qui ne sont qu’indiquées, mais avec infiniment d’esprit, et dont la couleur toute conventionnelle est toujours très bien conçue comme harmonie décorative.

Un magnifique escalier en faïence, exposé par MM. Simpson, et les riches collections des manufactures royales de porcelaine de Worcester, forment, avec les objets précédemment cités, la portion la plus remarquable de la céramique anglaise. Dans la même galerie, il faut signaler aussi les porcelaines danoises, parmi lesquelles une fort belle reproduction de l’Hébé de Torwaldsen; le Danemark a envoyé également de nombreuses imitations des poteries étrusques. L’Allemagne, l’Italie, le Portugal et les États-Unis ont quelques produits qui attirent peu l’attention; mais les porcelaines japonaises, qui occupent la salle du milieu, sont de la plus grande beauté. Seulement elles figurent ici comme spécimens d’un autre temps, et n’appartiennent point à l’art contemporain. Des terres cuites plus communes occupent la galerie extérieure, sous les arcades du Jardin royal d’horticulture. On y remarque une fontaine en terre cuite et quelques échantillons pour la décoration architectonique qui font le plus grand honneur à M. Doulton.

La verrerie n’occupe pas une place aussi importante que la céramique dans l’exposition internationale de Londres; il est probable qu’une autre année elle y figurera d’une manière plus spéciale. Aujourd’hui nous devons signaler seulement les magnifiques verreries émaillées de M. Brocard, qui s’est surpassé lui-même. C’est encore l’Orient, surtout l’ornementation arabe, qui a fourni le type des dessins décoratifs qui ornent ses coupes et ses plats de verre, ses lampes de mosquée et tous ses riches produits, où la fantaisie a plus de part que l’utilité. Le succès que M. Brocard obtient à Londres dépasse encore celui qu’il avait eu à la dernière exposition que l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie avait organisée aux Champs-Elysées.

L’industrie du bronze tient à la métallurgie par les matières premières et par les procédés de fonte; mais elle touche à la sculpture, comme l’orfèvrerie, par le goût et le choix des ornemens. Dans toutes les grandes villes de l’Europe, le travail du bronze forme une industrie importante; à Paris, il constitue un art véritable, supérieurement représenté à l’exposition de Londres par les envois de M. Barbedienne. Nos meilleurs artistes sont continuellement chargés de fournir à cette maison des modèles excellons que des ouvriers artistes exécutent avec une merveilleuse habileté. Des œuvres originales figurent à côté des reproductions de ce que l’art