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l’année courante. Partout, même dans les provinces non occupées, elle restreint les dépenses individuelles, et suspend l’essor des taxes de consommation ; enfin elle aboutit à des démembremens qui enlèvent au trésor les sommes que versaient les provinces cédées. Si à ces dépenses extraordinaires et à ces pertes de recettes nous ajoutons le taux relativement élevé d’intérêt que nous avons à supporter par suite de l’ébranlement de notre crédit public, l’évaluation de la somme que nous aurons à inscrire au budget ne paraîtra pas exagérée. L’exagération, s’il y en avait une, ne pourrait être que d’une faible importance. Le problème consiste donc à chercher les moyens de faire face à une augmentation annuelle de 600 millions.


I.

Les économies sur les dépenses ne peuvent évidemment donner qu’une petite partie de cette somme, et, quoi qu’il en coûte, nous serons obligés de recourir à l’établissement de taxes nouvelles, peut-être aussi, sous le coup de la nécessité, à des impôts pour lesquels nous avions jusqu’à présent manifesté une invincible répugnance.

Alors même que la suppression des emplois inutiles ne procurerait aucune diminution de dépenses, il serait bon de prendre cette Mesure, parce qu’il y a toujours avantage à simplifier et à écarter tout ce qui est parasite. Il est reconnu que, dans plusieurs administrations, le nombre des employés a été augmenté souvent sans autre motif que la volonté des ministres, qui profitaient les uns de leur puissance, les autres de leur chute pour placer des protégés. Assurément l’esprit d’opposition a, sous tous les régimes, beaucoup exagéré cet abus; mais sous ces déclamations il y a un fonds de vérité. Aussi, sans estimer bien haut les ressources que nous pourrions tirer de ce côté, nous croyons que la suppression des emplois inutiles doit former le premier article des réductions sur le budget des dépenses[1]. Il serait difficile de dire pour quelle somme cette diminution doit être comptée, car le gouvernement est seul en mesure de déterminer ce qui, dans les différens services, peut être conservé ou doit être réformé. On vient de faire à Versailles une expérience qui jettera un grand jour sur ce problème. Lorsque les administrations centrales ont été transportées près de l’assemblée nationale, les employés n’y sont venus qu’à peu près dans la proportion du tiers au quart; si tous n’ont pas été appelés, c’est que le

  1. Le budget des dépenses a été étudié dans le numéro du 1er juillet, Les développemens que notre collaborateur a donnés à son travail nous permettent de passer rapidement sur cette partie de notre sujet.