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SOUVENIRS
DE
LA ROUMÉLIE

I.
LES COMMUNAUTÉS GRECQUES ET LES PAYSANS TURCS.

La Turquie d’Europe est encore peu connue. Chaque année, la Sublime-Porte adresse à nos chancelleries de longues circulaires qui ont pour objet de nous apprendre ce que nous devons penser de l’administration du sultan et du sort fait aux raïas. Ces documens officiels, où on sent la main de politiques habiles, ne sauraient contenir toute la vérité. C’est beaucoup que la Turquie s’occupe de l’opinion de l’Europe ; elle admettra sans peine que nous ne puissions de tout point la croire sur parole. Les rapports de nos agens diplomatiques, — ceux du moins qui sont publiés, — ajoutent peu aux renseignemens que la Porte fournit elle-même. C’est une habitude des recueils présentés aux chambres de ne donner que des faits très généraux. Le livre bleu anglais échappe en partie à cette critique. Le foreign office fait imprimer non-seulement les conventions intervenues et les messages des ambassadeurs, mais les rapports de ses consuls : il impose à ses secrétaires d’ambassade l’obligation d’étudier tous les trois mois, dans le pays où ils sont fixés, une question importante de politique, de législation ou de commerce. La série de ces travaux forme aujourd’hui une belle collection qui doit faire envie à la France ; il faut espérer que nous finirons par suivre un exemple aussi honorable. Si riches cependant que