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Maintenant ce sont le didymelès, un arbre de moyenne dimension, à cime touffue, d’un type si étrange que les botanistes longtemps ne surent à quelle famille le rattacher ; les hécatéas, du groupe des euphorbes, hauts de 6 à 7 mètres, ayant de petites fleurs réunies en panicules ; les harongas, gentils arbrisseaux de la famille des millepertuis, dont les feuilles fournissent une liqueur jaune ou rougeâtre servant à teindre des étoffes, des nattes et des paniers. Parmi les types de végétaux qu’on ne voit également que sur la Grande-Terre, il y a le dicoryphe, un arbuste à rameaux grêles, presque toute l’année chargé de fleurs ou de fruits[1] ; les bonamies, de la famille des liserons, à feuilles ondulées sur les bords, à fleurs ramassées au sommet des tiges ; les ptélidies, avec des fruits comprimés et bordés d’une aile membraneuse qui les fait ressembler à des feuilles[2] ; l’astéropéia, un arbre se couvrant de petites fleurs en panicules[3] ; des passiflores remarquables donnant des fruits savoureux, les unes des arbustes, les autres des plantes grimpantes ayant de magnifiques fleurs violettes et des fruits ressemblant à des œufs[4]. Dans les grandes forêts, des arbres superbes inconnus hors de la grande île africaine dominent toute la végétation d’alentour : ce sont les hazignes des Malgaches ou les chrysopias des botanistes. La cime est étalée comme un parasol ; aux beaux jours de l’année, les rameaux se terminent par des fleurs à cinq pétales disposées en corymbes ou en ombelles d’un pourpre éclatant qui tranche admirablement sur le feuillage. Quand on entaille l’écorce, un suc jaune s’écoule en abondance ; au contact de l’air, le liquide s’épaissit et devient une résine très bonne pour fixer les couteaux dans le manche. Les ha4gnes fournissent d’excellent bois pour les constructions navales ; d’un tronc, les Malgaches façonnent une pirogue[5]. Partout on remarque sur la côte orientale un arbre plein d’élégance, dont les rameaux dressés portent aux extrémités des panicules de petites fleurs roses ou des fruits de forme ovale il est de la famille du laurier-rose et de la pervenche et seul de son genre ; c’est le tanghin, l’arbre sinistre de Madagascar[6]. Le fruit, un des plus redoutables poisons, a été le principal instrument des épreuves judiciaires et du plus grand nombre des crimes de la fameuse reine Ranavalona.

À côté de ces végétaux, de genres ou même de familles qu’on ne

  1. Dicoryphe, de la famille des hamamélidacées.
  2. Ptelidium, de la famille des célastrinées, dont le fusain est le représentant le plus connu ; la plupart des célastrinées appartiennent aux régions tropicales.
  3. Asteropeia multiflora, de la famille des homalidées.
  4. Paropsia edulis ; — Deidamia noronhiana, D. commersoniana ; voyez Tulasne, Annales des Sciences naturelles, 4e série, t. VIII, p. 44.
  5. Chrysopia fasciculata, C. verrucosa, etc., de la famille des clusiacées.
  6. Tanghinia veneniflua, de la famille des apocynées.