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faisait précédemment, les puissances secondaires de l’Allemagne; celles-ci avaient envoyé leurs délégués particuliers. C’était là une sorte de succès diplomatique que la France avait cherché et obtenu. On était fatigué de l’insistance que mettait depuis quelque temps la Prusse à parler au nom des petites nations allemandes; de plus, au point de vue télégraphique, on était gêné par ce gros bloc de l’union austro-germanique, qui embrassait tout le centre de l’Europe, et qui, lors des traités antérieurs, avait souvent, par l’entente et la discipline établies entre tant d’intérêts, imposé sa volonté aux autres contractans. La diplomatie française crut donc faire un coup de maître en convoquant isolément les puissances allemandes, et elle se réjouit de voir celles-ci répondre isolément à son appel. Malheureusement l’avantage ainsi obtenu resta parfaitement illusoire, il tourna même contre nous. L’union germanique, pour ne point s’affirmer dans le protocole du traité, n’en continua pas moins d’exister; elle défendit en conséquence ses intérêts, et, quand on en vint à la rédaction des tarifs, elle figura expressément et nominativement dans les tableaux. Le faisceau de l’union n’avait donc pas été brisé, les liens même n’en avaient pas été relâchés; en admettant isolément les puissances allemandes à la conférence, on n’avait obtenu d’autre résultat que de donner à l’union autant de voix qu’elle comprenait d’états distincts et de lui assurer ainsi dans les délibérations un surcroît d’influence.

Quoi qu’il en soit, les diplomates qui représentaient les différentes nations européennes, après avoir dans deux séances préparatoires amorcé les travaux de la conférence, remirent le soin de rédiger le projet définitif à une commission composée des délégués spéciaux que les diverses administrations avaient envoyés à Paris. Cette commission, sous la présidence du directeur-général des lignes télégraphiques de France, commençait à fonctionner le à mars, et consacra jusqu’au 11 avril seize séances à élaborer le texte de la convention ainsi qu’un règlement de service qui y fut annexé. Elle prit pour base de ses travaux un projet préparé par les soins de l’administration française. Comme nous l’avons déjà indiqué, les traités partiels conclus antérieurement entre la France et diverses nations européennes n’avaient porté que sur un petit nombre de points particuliers; aucun d’eux n’avait été dressé de façon à comprendre dans un ordre méthodique l’ensemble des mesures relatives au service. Pour la première fois, une convention générale embrassait et classifiait toutes les questions qui intéressent la télégraphie. C’est un des caractères de l’esprit français d’aimer les matières ainsi traitées d’ensemble et les plans philosophiquement dressés.