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le pays natal, tels : un pygargue ou aigle pêcheur, qu’on rencontre par couples au fond des petites baies des côtes orientales et occidentales, au moins trois espèces de faucons, autant d’éperviers, une petite chouette, un superbe hibou. Parmi les oiseaux sédentaires, petites espèces en général, il y a peu d’étrangers. Comme dans tous les pays chauds, il existe des perroquets sur la Grande-Terre ; ceux-ci ont une physionomie bien caractérisée, surtout les vazas, comme on les appelle d’après les Malgaches, tout noirs, avec le bec rouge. Il y en a deux espèces[1], l’une grosse, l’autre plus pelite, vivant en parfaite intelligence ; confondus dans une même troupe, ces vazas voyagent dans les forêts. Un perroquet gris brunâtre, avec la tête et le cou teintés de bleu pâle, est rare, tandis qu’une jolie perruche verte, grosse comme un moineau, se montre souvent en grandes troupes.

Diverses sortes de moineaux ou de gros-becs sont fort répandus dans l’île. Au milieu des plaines peu boisées, on remarque des bandes du bouvreuil nain ; près des ruisseaux, le nélicourvi au plumage vert qui construit son nid entre les feuilles des vaquois, nid composé de brins de paille et des joncs artistement entrelacés ; dans les bois, le cardinal de Madagascar, tout magnifique avec son vêtement d’un rouge écarlate, semé de taches noires sur le dos. Une alouette commune dans les champs abonde sur la plaine d’Ankay. Au faîte des arbres les plus hauts de l’île Sainte-Marie, des forêts de Tintingue et sans doute de la plupart des bois de la côte orientale, on aperçoit assez fréquemment un oiseau d’un type singulier ; il est fauve avec la tête noire, son bec est énorme et d’une coupe bizarre ; c’est l’eurycère, qui est seul de son genre. La nourriture préférée des corbeaux ne manque pas sur le littoral de la grande île africaine ; aussi chaque voyageur nous parle du corbeau de Madagascar, partout il l’a vu et entendu, il a même admiré l’oiseau, dont le plumage lustré est d’un noir bleu que relève un tour de cou blanc. Un joli étourneau, des merles, des pies-grièches, font entendre leurs cris et leur ramage au milieu des bois ; dans les endroits découverts, à la lisière des forêts, au bord des eaux, il y a tout un petit monde de fauvettes, de bergeronnettes, de sucriers. Ces derniers ont presque les formes mignonnes et gracieuses des colibris de l’Amérique, ils en ont toutes les beautés. Le sucrier le plus répandu à Madagascar, le souimanga, est une ravissante créature, le mâle est éblouissant ; son corps est d’un vert splendide, avec des reflets violets, ses ailes, brunes ou noirâtres, ont de grandes pennes bordées de vert, sur sa poitrine court une bande violette, plus bas

  1. Coracopsis vaza et C. nigra.