Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 101.djvu/460

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

restres et fluviatiles[1]. Ces animaux n’ont pas été fort recherchés, et cependant on en connaît un certain nombre. Il y a sur les plantes des hélices et des agathines, dans les eaux des mélanies et des mélanopsides d’espèces très particulières. L’hélice verte, vivant par colonies sur les joncs au milieu des terres marécageuses un peu desséchées, a une jolie coquille d’un ton de feuillage clair rehaussé par des bandes d’un brun ferrugineux ; la mélanopside épineuse, ayant une coquille noire, roussâtre à l’extrémité et garnie d’épines ou plutôt de tubercules, est une espèce des plus communes à la surface des eaux ; les Malgaches mangent l’animal, et des Européens assurent que ce n’est pas un mets désagréable.

Partout les insectes ont une importance extrême lorsqu’il s’agit de déterminer le caractère de la faune ; ceux de Madagascar offrent mille sujets qui nous attirent. À côté d’espèces précieuses donnant de la cire et du miel, fournissant de la soie, il y a la foule des espèces ayant un cachet propre, les unes appartenant à des groupes représentés dans différentes régions, les autres, fort nombreuses, à des types qu’on ne voit nulle part hors de la grande île africaine. Ici les comparaisons peuvent être souvent plus rigoureuses que pour les végétaux ; la main de l’homme ne se fait guère sentir sur les petits êtres. Des collections ont été formées au Mozambique, et nous sommes assurés que bien peu d’espèces sont communes à Madagascar et à la côte orientale d’Afrique. La faune de Bourbon et de Maurice a été beaucoup étudiée ; nous savons donc exactement de ce côté dans quelle mesure se manifestent ces rapports. Les insectes vivant sur la Grande-Terre, et qu’on rencontre également aux îles Mascareignes ou sur le continent africain, font exception dans l’ensemble ; en général, ce sont des espèces ayant un vol léger, des lépidoptères, qui, avec l’aide du vent, se trouvent parfois transportés à d’énormes distances.

Les auteurs, énumérant les richesses naturelles de Madagascar, parlent de la facilité de se procurer le miel et la cire. En effet, une abeille particulière au pays, noirâtre avec le ventre un peu roux, et de la taille de notre abeille commune, paraît être fort abondante dans les bois ; elle s’établit dans les trous des vieux troncs, où les Malgaches vont brutalement arracher les rayons. Malgré l’importance des produits, nul voyageur n’a pris la peine d’observer les conditions de la vie de l’abeille de Madagascar ; Flacourt a dit que d’autres insectes fabriquaient du miel, personne encore n’a porté son attention sur ce sujet. Les guêpes sont nombreuses ; espèces de proportions élégantes, de couleurs agréablement nuancées ; elles

  1. Diverses espèces sont décrites par Sganzin, Mémoires de la Société de Strasbourg, t, III, et Petit de La Saussaye, Revue zoologique, 1844.