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convention seraient appliquées au moins pour la partie du parcours située sur le territoire des états contractans; quant à la taxe afférente à ce parcours, elle serait un multiple de celle qu’indiquait le tarif syndical. Chacun pourrait ainsi, sans grande complication, choisir un taux proportionné aux prétentions maintenues par les non-adhérens : en regard d’une taxe excessive, l’Europe doublerait, triplerait, quadruplerait la sienne.

Nous venons de montrer comment le syndicat des administrations européennes avait été amené par le cours des événemens à déterminer, au moins d’une façon générale, la conduite qu’il tiendrait envers les compagnies qui ne se rangeraient pas sous son drapeau. Il ne refusait pas de s’entendre avec elles; il se donnait seulement des armes pour contenir leurs exigences dans de justes limites. Aussi bien les préoccupations qui se produisaient à cet égard répondaient au véritable état des choses. Peu à peu l’importance des compagnies avait grandi, et les états se trouvaient en présence de circonstances nouvelles.


VII.

Les travaux de la conférence de Vienne étaient terminés au mois de juillet de l’année 1868; mais la convention révisée entra seulement en vigueur au 1er janvier de l’année suivante. L’association télégraphique, bien qu’elle dispose d’un puissant moyen d’abréger le temps, a pris ainsi la sage habitude de ne pas rendre immédiatement exécutoires les dispositions qu’elle adopte. En toute affaire, il faut un certain temps pour préparer l’application d’une mesure nouvelle. C’est donc à partir du 1er janvier 1869 qu’entre en fonction ce bureau international qui est désormais comme le pouvoir exécutif de l’association télégraphique.

Depuis vingt-cinq ans, la télégraphie avait pris une extension considérable; elle s’était répandue dans les contrées les plus lointaines. En Europe, la pratique du télégraphe, entrée profondément dans les mœurs, avait renouvelé les habitudes du commerce et de la navigation; des combinaisons inusitées avaient surgi dans le monde des affaires, basées sur un système d’informations incessamment recueillies dans toutes les parties du monde. Des appareils ingénieux raffinaient d’ailleurs l’emploi de ce nouveau moyen de correspondance; non-seulement on imprimait les dépêches en beaux caractères, mais on transmettait l’écriture même, on reproduisait à distance les dessins, les formes les plus capricieuses. Des conducteurs sous-marins couraient au fond des océans. Les bâtimens en mer avaient été mis en mesure de correspondre avec les côtes.