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meurs et surtout des matières albuminoïdes, sont d’avis que les acides pourraient jouer ici un rôle salutaire. D’autres, pensant qu’il importe avant tout de rétablir la liquidité du sang coagulé dans les vaisseaux, ont recours aux alcalis. On s’est servi aussi des sels de cuivre, que quelques praticiens considèrent comme de véritables spécifiques, d’alcaloïdes, comme la caféine, etc. Les physiologistes, qui localisent le mal dans le système nerveux du grand sympathique, ont été amenés à préconiser les drogues antispasmodiques. En somme, les remèdes ont presque tous paru sans action utile, et le traitement le plus rationnel est encore celui des premiers temps du choléra, le traitement des symptômes. Il consiste non pas à terrasser la maladie en bloc en lui livrant une seule et héroïque bataille, mais à la combattre par une suite d’escarmouches en attaquant les divers symptômes du mal les uns après les autres. Les cholériques ont des crampes, on essaie de les faire cesser. Ils ont froid, on les réchauffe par des frictions et des boissons. Ils n’ont plus qu’une circulation lente et difficile, on tâche d’en rétablir les conditions normales en stimulant le flux sanguin. Les sécrétions sont taries, on les sollicite par des moyens appropriés. De la sorte, et sans attaquer le mal à sa racine, on arrive souvent à d’heureux résultats. Ce qui empêche surtout les remèdes d’agir sur les cholériques, c’est que ces derniers ne peuvent rien absorber. Quelques médecins ont eu l’idée d’injecter directement les principes médicamenteux soit sous la peau, soit dans les veines. Plusieurs tentatives de ce genre ont réussi, et cette voie est la bonne. Seulement il faut y avancer désormais avec une persévérante et méthodique hardiesse, si l’on veut réaliser de vrais progrès dans le traitement du choléra et des autres maladies. Au lieu de tâtonner timidement et aveuglément dans les expérimentations sur l’homme vivant, il est nécessaire d’y procéder avec énergie et décision. C’est le seul moyen d’avoir un jour des armes solides et bien trempées pour les luttes contre la maladie.

Il convient peut-être de signaler sous ce rapport à l’attention des médecins les propriétés remarquables des borates et silicates alcalins que M. Dumas a révélées récemment[1]. Ces sels, qui n’exercent pas d’action toxique trop prononcée sur les organismes supérieurs, sont mortels au contraire pour les êtres microscopiques et les agens subtils organisés ou amorphes dont le rôle est incontestable dans les maladies infectieuses. Les expériences faites dans ces derniers temps ont prouvé du moins que de telles substances entravent le développement des fermentations de toute sorte, arrêtent

  1. Recherches sur les fermentations (Comptes-rendus de l’Académie des Sciences, 3 août 1871).