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définiment. Ils s’épuisent par leur propre activité. La mort qu’ils sèment finit par les atteindre un jour. Est-ce l’influence de la civilisation qui met ainsi un terme à leur sinistre ouvrage, ou cette fin assignée à leurs destinées est-elle la réalisation d’un décret fatal? En tout cas, le choléra doit s’éteindre un jour. D’ici là, le meilleur moyen de travailler à l’anéantir est d’en poursuivre scientifiquement l’étude.

Il faut donc voir ce que la science et la doctrine suggèrent pour l’avenir en fait de travaux capables d’élucider le grave problème de la nature du choléra et en général des maladies infectieuses. Les investigations de la physique et de la chimie deviennent de plus en plus faciles, tant les phénomènes y sont simples, les formules précises, les théories coordonnées, les méthodes sûres. La part de l’invention et de l’originalité y est de plus en plus réduits, celle du calcul et des mesures y prenant des proportions croissantes. Les maîtres ont donné les grandes lois et les procédés fondamentaux; les disciples ne font plus guère que résoudre des cas particuliers. Il n’en est pas de même dans la science de la vie et des maladies. C’est une roche où les filons précieux et inexplorés abondent encore. De belles fortunes sont réservées à ceux qui sauront extraire et mettre en circulation cet or; mais ce travail demande autant d’initiative hardie que d’industrie savante.

Il y a des maladies qui sont localisées dans un viscère et ne font guère souffrir tout d’abord que ce viscère. C’est ainsi que le poumon, le foie, l’estomac, le cerveau, peuvent être diversement atteints. D’autres s’étendent à tout un système organique, comme le système nerveux, le système musculaire, le système articulaire, la peau, etc. D’autres enfin s’emparent de toute l’économie, et c’est à celles-là qu’on a donné le nom de maladies générales. Ce sont celles dont on connaît le moins les causes extérieures et les désordres intérieurs, attendu que les uns et les autres sont restés jusqu’à présent inaccessibles à l’investigation médicale. Cependant on peut affirmer que le sang, qui baigne tout l’organisme et y entretient la liaison des parties, est dans ces cas le siège principal de l’altération morbide. Sans entrer ici dans le détail des divisions que les pathologistes établissent entre les affections de ce genre, il suffira de dire qu’ils ont rangé le choléra parmi les maladies infectieuses, c’est-à-dire parmi les empoisonnemens d’origine atmosphérique, comme la fièvre jaune, la peste, le typhus, la variole, la fièvre typhoïde, etc.

Quelque hypothèse qu’on fasse sur l’origine atmosphérique dont il vient d’être question, il est visible que ces maladies infectent le sang. Le liquide nourricier y éprouve une transformation non-seulement dans l’ordre et dans la proportion, mais encore dans la