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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 102.djvu/328

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LES REFORMES
DANS
L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

L’arrêté de décembre 1802, qui constituait les lycées de l’empire, portait ces mots : « on enseignera essentiellement dans les lycées le latin et les mathématiques. » Ainsi au commencement de ce siècle, et il en a été ainsi pendant tout le siècle dernier, l’éducation se bornait presque exclusivement au latin, auquel s’ajoutaient, vers la fin des études, les mathématiques et la philosophie ; on ne croyait pas à cette époque qu’il fût nécessaire d’apprendre tant de choses pour devenir des hommes utiles, et il est certain que c’est à cette école que se sont formées les générations vigoureuses. de la révolution et de l’empire : quelques-uns même des plus illustres de la restauration n’ont pas appris beaucoup plus ; mais il y a des besoins différens suivant les temps. Il n’est pas toujours nécessaire d’apprendre les mêmes choses, et il devient souvent nécessaire d’apprendre des choses nouvelles. L’arrêté de 1802 a paru bientôt trop simple pour les temps où nous vivons, et les matières enseignées se sont depuis notablement et progressivement accrues.

C’est d’abord dans l’enseignement classique même que ce mouvement d’expansion a commencé. Le grec, qui n’était point contenu dans le plan primitif, y fut bientôt ajouté. Il avait été autrefois enseigné dans l’université de Paris : Rollin en recommandait l’étude, Port-Royal s’en était beaucoup occupé, et c’est à ce soin que l’on doit le goût de Racine pour la poésie grecque et les admirables inspirations qu’il en a tirées ; mais dès la fin du XVIIe siècle l’enseignement du grec était déchu dans l’Université, et tout le XVIIIe siècle l’a complètement négligé. La nouvelle université tint à honneur de renouer en cette matière les traditions de l’ancienne, et l’enseignement classique fut doublé.