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SOUVENIRS
DE L'ADRIATIQUE

III.
LE PACHALIKAT D’ÉPIRE ET L’HELLÉNISME EN TURQUIE[1].


I

Le vaste pachalikat d’Épire est borné d’un côté par la Mer-Ionienne, de l’autre par la mer Egée ; on voit qu’il traverse la Turquie méridionale tout entière et qu’il comprend la Thessalie, province qui dépendait du gouvernement de Salonique il y a quelques années. La chaîne du Pinde divise ce vilayet en deux parties. Au sud, il touche partout au royaume de Grèce, au nord à la Haute-Albanie et à la Macédoine. La vallée de la Woyoutza, l’ancien Aoüs, par laquelle nous étions entrés dans cette province et que nous avons suivie durant cinq journées, d’Avlona à Janina, est une des plus belles de cette région. Le fleuve roule entre deux chaînes de montagnes ; tantôt il glisse tranquille et limpide sur des nappes de sable, tantôt, bouillonnant et couvert d’écume, il se précipite comme un torrent. Le sentier à peine tracé contourne les rochers, passe au pied de grandes masses grises qui s’élèvent à pic sur le bord des eaux, grimpe dans les gorges, se perd dans les bois, et cependant laisse presque toujours la vue s’étendre au loin sur la vallée. Au mois de janvier, les couleurs presque pâles, bien que toujours très pures, les lignes précises des tableaux qui se succédaient sous nos

  1. Voyez la Revue du 1er novembre.