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(predium) qu’ils possèdent par indivis, et qui leur est échue en héritage, pour y fonder un cenobium que devaient peupler des moines de Saint-Blaise. Adelbert de Zollern n’est qualifié autrement que par le titre de dominus, mais sa parenté avec le comte de Sulz et la qualité des témoins présens à l’acte prouvent que le donateur était un homme de distinction. La maison de Sulz était une des plus nobles de Souabe, où elle possédait de grands biens, qui par son unique héritière ont passé dans la maison de Schwarzenberg au XVIIe siècle. Telle était la condition des Zollern à l’ouverture du XIIe siècle. Simples dynastes au XIe, ils apparaissent grafen au XIIe, probablement par le bienfait des Hohenstaufen, leurs compatriotes, qui, quoique arrivés à l’empire en 1138 seulement, étaient ducs de Souabe depuis 1080, et s’étaient élevés aussi, par de grandes qualités militaires et par d’éclatans services rendus à la maison de Franconie, du comitatus suévique aux dignités les plus considérables, et jusqu’à la main d’une fille de l’empereur Henri IV. Ce qui est assuré, c’est que les Zollern ont emprunté aux Staufen leur nom patronymique et déjà illustre de Frédéric. Ils étaient comtes du petit district de Zolro, près d’Hechingen, pendant que s’éteignaient en Allemagne les grandes maisons si nationales de Saxe impériale, de Billung, de Nordheim, de Franconie et des Welfs d’Altorff, alors que la maison actuelle de Lorraine était depuis longtemps en possession du duché qu’elle a conservé pendant sept siècles, alors que brillaient dans toute leur puissance les Zaeringen, dont la race est encore régnante sur les bords du Rhin. À cette époque, les Wittelspach remontaient en Bavière a la dignité ducale qu’avaient déjà possédée leurs ancêtres, et la longue des Welfs d’Italie, héritiers de ceux d’Altorff, les exposait à perdre les plus vastes domaines du moyen âge, pour être réduits à leurs aïeux héréditaires de Brunswick et de Hanovre, dont ils devaient perdre la couronne au XIXe siècle. La maison d’Ascanie, Auhalt d’aujourd’hui, réunissait alors à ses allodiaux, qu’elle possède encore, le duché de Saxe et le margraviat de Brandebourg, qu’elle a perdus, et la vieille maison de Mecklembourg disputait au christianisme le vaste territoire de l’ancienne Vandalie, qu’elle tient depuis mille ans sous ses lois. La maison de Hesse, issue des ducs de Brabant, prenait en ce temps possession des états qu’elle a gouvernés jusqu’à nos jours, et les margraves de Misnie joignaient le landgraviat de Thuringe à leurs anciennes seigneuries, qui devaient s’accroître plus tard des états de Saxe d’aujourd’hui. En ce même temps enfin, la maison de Habsbourg, issue aussi des Érichonides, possédait sur le Rhin, en Alsace, en Brisgau et dans la Klein Burgund, des terres, places et dignités qui la rendaient puissante et redoutable.

Mais les comtes de Zollern marchaient, à la suite des