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LA PHILOSOPHIE DE LA RÉVOLUTION


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II.

LES HISTORIENS RÉPUBLICAINS ET LES CRITIQUES DE LA RÉVOLUTION[1].


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La plus grande exagération des théories révolutionnaires a surtout coïncidé avec les dernières années du gouvernement de juillet. Depuis cette époque, ces doctrines ont commencé à rétrograder ; la philosophie de la révolution a paru s’apaiser, et elle est entrée dans la voie de l’examen et de la critique. On trouvera sans doute étrange d’entendre dire que l’idée révolutionnaire s’est apaisée de nos jours, lorsque au contraire c’est nous qui en avons vu les plus terribles effets ; mais nous parlons ici des opinions et non pas des actes, et surtout des opinions dans l’ordre de la haute théorie et de la philosophie historique. Or, s’il est vrai que les passions et les préjugés révolutionnaires sont aussi ardens que jamais dans les classes populaires et trouvent encore des organes dans la basse littérature politique, on peut affirmer cependant que depuis une vingtaine d’années ces théories ont cessé de produire des œuvres sérieuses et importantes, et que le courant des esprits élevés s’est plutôt porté en sens inverse. C’est là un fait important et jusqu’à un certain point rassurant, car, s’il est vrai que les idées, surtout les idées sages, mettent beaucoup de temps à descendre dans les foules, il est très certain

  1. Voyez la Revue du 1er  janvier.