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d’hui éteintes. Il y a longtemps que la grande publication allemande intitulée Palœontologica renferme à la fois des études sur les plantes et sur les animaux fossiles. La Société paléontographique de Londres, à laquelle la science doit tant de renseignemens précieux sur les animaux, a jugé utile d’admettre aussi les mémoires sur les végétaux. Le comité de la Paléontologie française, qui depuis la mort d’Alcide d’Orbigny a cherché à continuer la vaste entreprise de ce naturaliste, vient d’entrer dans la voie tracée par les Allemands et les Anglais ; il acceptera dorénavant les publications qui ont pour objet les plantes fossiles. C’est là une innovation destinée à recevoir un bon accueil des paléontologues-zoologistes aussi bien que des botanistes, car l’étude des lois qui ont présidé au développement de la vie dans le monde végétal doit jeter de la lumière sur l’histoire du monde animal.

C’est M. de Saporta qui ouvre la série des publications botaniques de la Paléontologie française. Il était difficile de trouver un homme plus compétent et qui sût mieux allier aux travaux de la plus minutieuse analyse les recherches philosophiques. Son nouvel ouvrage a pour titre : les Plantes jurassiques. La période jurassique constitue une sorte de moyen âge placé à égale distance des derniers temps primaires et des premiers temps tertiaires. Les flores primaires de la France ont été autrefois décrites par M. Brongniart ; celles du trias l’ont été par M. Schimper, celles du tertiaire par M. de Saporta et M. Watelet ; mais les flores du milieu et de la fin de l’époque secondaire étaient jusqu’à présent très négligées dans notre pays ; il était urgent pour la science française de combler cette lacune.

M. de Saporta commence son étude des plantes jurassiques par l’examen des végétaux marins. Comme la mer a recouvert une grande partie de la France pendant le milieu des temps secondaires, les algues fossiles se trouvent en abondance sur divers points. Leurs espèces diffèrent toutes des espèces actuelles ; elles offrent d’autre part une singulière ressemblance, les unes avec des formes du silurien d’Amérique, les autres avec des formes tertiaires. Cette persistance de végétaux aussi peu élevés en organisation ne pourra surprendre les savans qui s’occupent des animaux fossiles, car ils ont souvent occasion de remarquer que les espèces les plus rudimentaires ont supporté mieux que les autres les changemens des temps géologiques.

Après avoir étudié les plantes des mers, M. de Saporta examine celles des continens. La comparaison des types de France avec leurs contemporains des autres contrées le confirme dans l’opinion que les conditions de climat étaient autrefois bien éloignées de ce qu’elles sont actuellement ; suivant lui, rien de ce qui aurait ressemblé aux zones disposées dans le sens des latitudes n’existait encore, et une chaleur sensiblement égale s’étendait sur tous les points de notre globe. Les plantes de notre pays pendant l’époque jurassique ont été