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LA POLITIQUE FRANÇAISE
EN CHINE
DEPUIS LES TRAITÉS DE 1858 ET DE 1860

Les tristes événemens survenus à l’improviste en Chine au mois de juin 1870 et connus sous le nom de « massacres de Tien-tsin » sont de ces faits où la France devrait puiser enfin les leçons d’une sage politique à l’étranger. Il ne suffit pas que l’affaire de Tien-tsin soit terminée ; il faut savoir si une semblable tragédie ne peut pas se reproduire, et quels sont les moyens d’en empêcher le retour. Nous avons trouvé cette fois la Chine toute prête à reconnaître ses torts et à les réparer ; mais il ne faudrait pas négliger l’avertissement qui nous a été donné.

On se propose dans cette étude de montrer où sont nos véritables intérêts en Chine, et d’en préciser l’exacte étendue. Nous examinerons quelles sont les conditions de notre commerce dans ce pays, celles des missions catholiques que la France a prises sous sa sauvegarde, et de quelle manière on pourrait assurer à ces différens intérêts une base solide et exempte de dangers. Pour mieux insister sur la nécessité d’une politique prudente et réservée, nous tâcherons aussi d’expliquer à quels sacrifices la France devrait être prête, si un jour elle se voyait obligée de faire reprendre à ses troupes le chemin de Pékin.


I.

Il est inutile de chercher des négocians français dans un autre port de la Chine que Shanghaï. Parmi les maisons étrangères qui font dans cette ville le commerce des soies, cinq seulement sont