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LES ÉCOLES D’APPRENTIS.

dont le nom désigne les services, — les institutrices de charité qui fournissent gratuitement une élite de jeunes maîtresses, enfin l’œuvre des familles, création de M. Girette, maire du IVe arrondissement, et qui, dans le cadre général de l’éducation populaire, a su ménager une part très ample aux enfans et aux apprentis.

Telle est la part de l’initiative privée. Si tout n’y est pas de même valeur quant aux effets, le niveau se rétablit quant aux intentions. Rien dans ces actes qui ne coule des sources les plus pures, le dévoûment et le désintéressement. À peine y a-t-il lieu de distinguer les œuvres qui, renfermées dans une industrie particulière, ne visent qu’à un bien circonscrit de celles qui, embrassant toutes les industries, visent à un bien général et constituent une assistance sociale dans la plus large acception du mot. En ce sens, les pensionnats d’apprentis mériteraient un rang à part ; la recette y est à peu près nulle, et la dépense y est considérable ; quelques droits d’écolage d’un côté, de l’autre, en dehors du traitement des maîtres, tous les frais d’entretien, — c’est en somme un lourd sacrifice. Dans les institutions religieuses, on y pourvoit par des quêtes ; dans les institutions laïques, ce sont les entrepreneurs d’industrie qui en partie y suppléent, ou à leur défaut des associations charitables. Tant bien que mal, au bout de l’an, les comptes se balancent, et ceux qui en ont supporté le fardeau ont ainsi aidé un certain nombre de familles dans le pas le plus difficile qu’elles aient à franchir. Combien d’enfans profitent chaque année de cet appui ? C’est une récapitulation qui n’est pas toujours aisée à faire, dont les élémens varient avec les fluctuations de la charité privée. M.  Gréard l’a pourtant fixée dans un tableau pour la période de 1867 à 1869 ; personne ne pouvait fournir des chiffres plus précis, dont voici la substance. Au 1er janvier 1870, une quarantaine d’œuvres ou de sociétés dues à l’initiative privée réunissaient plus de 3,000 apprentis, et dans ce nombre figurent tous les établissemens qui à un titre quelconque étaient signalés comme formant à l’apprentissage. Les orphelinats-ouvroirs, qui participent au caractère des institutions charitables beaucoup plus que des établissemens d’enseignement technique, y sont compris pour un contingent relativement considérable. Les cultes protestans y comptent pour 300 élèves, les Israélites pour 65. « En admettant ces bases assurément très larges, dit M. Gréard, ce seraient 3,000 enfans détournés et sauvés peut-être d’un courant plein de périls ; 3,000 enfans, c’est quelque chose, c’est beaucoup même, si l’on considère le bien que peut faire et le mal que peut empêcher autour de soi dans le monde une saine intelligence de plus. » Soit ; mais il semblerait qu’il n’y a pas à espérer de l’initiative privée un plus grand effort que celui qu’elle a fait jusqu’ici. Les mains qui donnaient se lassent, et ne sont pas aisément suppléées ; de toutes