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les murs des salles de classe s’étalent les cartes géographiques, russes, françaises ou allemandes ; elles sont remplacées dans les petites classes par des scènes de l’histoire ou des représentations déplantes ou d’animaux : ainsi se fait « l’enseignement des choses. » — Si vous êtes curieux de types et de physionomies, une salle de classe dans un gymnase russe nous en présente une intéressante collection. On voit dans une salle du palais de Péterhof 350 portraits de jeunes filles que Catherine II aurait fait peindre, dit-on, pour représenter tous les types féminins de son empire. Malheureusement sous la chapka polonaise, le kakochnik russe ou le bonnet de fourrure tatar, ce sont toujours des minois de marquises à la Watteau. Vous trouverez ici ce que vous avez vainement cherché là-bas. Pourtant vous reconnaîtrez la jeune fille russe à son visage rond, à des traits solides et réguliers, à un teint mat, des cheveux châtains, des yeux noirs, doux et un peu tristes, un air d’application sérieuse à son travail. L’Allemande, — il y en a un certain nombre, les Allemandes d’Allemagne ou des provinces baltiques font par exemple la huitième partie de la population du gymnase Marie, — l’Allemande a au contraire le visage ovale, le teint frais, des cheveux blonds, des yeux bleus. A côté de la Russe, on trouve la Petite-Russienne, cette Italienne des pays slaves ; habituellement elle est plus éveillée que sa sœur du nord, — la forme du visage plus allongée, des yeux noirs aussi, mais plus vifs et plus brillans, toujours prêts à quitter le livre. Plus grande que la Petite-Russienne, plus svelte que la Russe, blonde comme l’Allemande, mais avec une carnation moins vive, est la jeune fille polonaise. Ai-je besoin de vous présenter la Juive ? Elle est la même dans tous les pays. Quant aux Tatares, on n’en trouve pas beaucoup à Saint-Pétersbourg, ni, je crois, à Moscou ; mais des yeux noirs petits et ronds, un visage un peu large à la hauteur des pommettes, un nez qui a une tendance à se relever, se retrouvent aussi chez quelques Russes : c’est une de ces traces du joug tatar dont parle Karamsine. C’est au gymnase d’Irkoutsk qu’il faut aller voir assises sur les mêmes bancs que la race conquérante les filles des Ostiaks et des Vogouls ; c’est à Kazan que la population scolaire se divise presque également en Slaves et en Tatares ; c’est à Birsk que le ministère de l’instruction publique convie aux bienfaits de la science les jeunes Bachkires.

Pour avoir une idée de l’enseignement, suivons celui du français de classe en classe. Dans les classes inférieures, on se trouve aux prises avec les premières difficultés de la lecture, des noms, conjugaisons, etc. La plupart des petites filles ne savent pas encore assez notre langue pour que le cours de français puisse se faire en