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enlevée par des crocodiles. Une demoiselle étant parvenue à lui échapper, on se saisit de l’assassin, qui fut pendu en 1817. Il avoua qu’il y avait sept ans qu’il exerçait ce métier. Un autre cas est celui d’un espion qui, voyant, son supplice se préparer, essaya de s’y soustraire en simulant la mort. Il suspendit sa respiration et tous les mouvemens volontaires pendant douze heures, et supporta toutes les épreuves qu’on lui fit subir pour s’assurer de la réalité, de la mort. Enfin les anesthésiques, comme le chloroforme et l’éther, produisent quelquefois plus d’effet que ne voudraient les chirurgiens qui s’en servent, et amènent au lieu d’une insensibilité passagère un état de mort apparente[1].

Il est facile de rappeler à la vie, les individus qui se trouvent dans un état de mort apparente ; il n’y a pour cela qu’à exciter énergiquement les deux mécanismes dont l’action est alors plus ou moins suspendue, à savoir ceux de la respiration et de la circulation. On imprime à la cage thoracique des mouvemens tels que le poumon soit alternativement comprimé et dilaté[2]. On pratique sur tout le corps une espèce de massage qui ranime la circulation capillaire ; on place sous les narines du patient des excitans chimiques comme l’ammoniaque ou l’acide acétique. C’est ainsi qu’on traite les noyés qui sont malades non pour avoir absorbé trop d’eau, mais pour avoir cessé de respirer de l’air. Un traitement très efficace dans le cas de mort apparente due à une inhalation de gaz toxiques, comme l’acide carbonique ou l’hydrogène sulfuré, consiste à faire absorber au malade de grandes quantités d’oxygène pur. Enfin on a proposé dernièrement encore, comme Halle l’avait fait au commencement de ce siècle sans résultat, d’adopter l’emploi de forts courans électrique » pour, réveiller les mouvemens des individus en état de syncope.

Dans tous, les cas de mort apparente que nous venons de

  1. On peut rapprocher de la mort apparente les singuliers phénomènes que présentent les animaux dits réviviscens. Ces animaux peuvent être amenés à un état de dessiccation presque complète et perdre toutes les apparences de la vie, puis recouvre l’activité par une simple immersion dans l’eau. Plongés dans un milieu humide, les animaux réviviscens ne supportent pas une température supérieure à 30 degrés ; mais, lorsqu’ils ont été privés de leurs mouvemens physiologiques par une dessiccation à l’air libre, ils peuvent, sans perdre leur propriété de reviviscence, résister pendant quelques instans à une température de 100 degrés, les principales espèces réviviscentes sont les anguillules des tuiles, les tardigrades et les rotifères. Ces. derniers vivent dans les mousses humides, se dessèchent, sans périr, roulés en boule pendant les sécheresses et reprennent le mouvement quand il pleut. Tous ces êtres sont d’ailleurs, microscopiques.
  2. C’est ce qu’on appelle la respiration artificielle. On construit depuis quelque temps, sur les indications de M. Gréhant, des appareils pour pratiquer commodément cette respiration artificielle au moyen d’insufflations, d’air bien calculées ;