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incombait, c’est-à-dire, suivant la vieille prétention des états, pour organiser le gouvernement du roi mineur et former le conseil de régence. On les avait contraints de passer outre ; cette fois il fallut leur céder. Il fut convenu qu’au 1er mai suivant chaque gouvernement renverrait seulement un député de chaque ordre. Ce n’est cependant que le 1er août 1561 que ce diminutif d’assemblée se réunit à Pontoise.

Moins nombreux, cette année, mieux préparés par quatre mois de discussion dans les bailliages, les députés sont à la fois plus unis, plus audacieux et plus fermes. Le plus parfait accord règne entre les vingt-six représentans du tiers et de la noblesse. Ils sont d’ailleurs les maîtres de la place, car les treize autres représentant du clergé sont plus souvent au colloque de Poissy, qui vient de s’ouvrir, que sur leurs sièges. de députés à Pontoise. Le premier soin des délégués est d’exiger sans retard la publication de cette grande ordonnance réformatrice que le chancelier du royaume avait promise lors de la clôture des états d’Orléans. Ce point gagné, ils s’occupent des subsides : ici l’accord des ordres laïques est plus étroit encore. Le tiers est épuisé, la noblesse a ses privilèges ; qu’on s’adresse donc au clergé, comblé de biens et de richesses ! C’est à lui d’acquitter les dettes du roi. Quoi de plus simple ? Chacun des deux ordres a son plan tout fait : la noblesse propose un impôt progressif sur les bénéfices ; le tiers, plus absolu, — on dirait aujourd’hui plus radical, — demande la confiscation pure et simple des biens du clergé. La vente en pourra produire environ 120 millions ; on en placera, au denier 12, une cinquantaine dont l’intérêt, — A millions à peu près, — donnera au clergé l’équivalent de son revenu foncier ; le reste paiera les dettes du roi, ou s’en ira remettre à flot les caisses municipales des grandes villes de France.

Ne se croirait-on pas en vérité à deux cents ans plus tard ? Notons pourtant cette différence : en 1560, la cour, si elle n’était retenue par la crainte de complications menaçantes, ne demanderait pas mieux au fond que de combler par ce moyen violent le vide de ses coffres. Quant au clergé, partagé entre ces états de Pontoise, où on l’attaque ainsi, et le colloque de Poissy, où d’autres adversaires lui livrent bataille, il lutte, comme bien on pense, de toute son énergie. Il ne s’en tire pourtant qu’en promettant par contrat, dans un délai de dix années, la somme énorme de 17 millions. Pour le reste, les ordres laïques, heureux d’en être quittes à si bon compte, votent une nouvelle taxe indirecte sur les vins.

Ce n’est là hâtons-nous de le dire, que l’un des côtés de cette double session. S’il nous était permis de nous arrêter plus longtemps à cette étape de notre histoire, nous aimerions à montrer