Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 105.djvu/706

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sollicitée avec une certaine énergie par l’action nerveuse, laquelle à son tour dépend d’une action extérieure ; mais il n’y a aucun rapport de ressemblance entre celle-ci et la sensation qu’elle détermine. L’éther, qui, en vibrant à l’unisson des élémens de notre rétine, provoque en nous dès sensations lumineuses, n’a par lui-même rien de lumineux. La preuve, c’est que deux rayons de lumière qui se rencontrent dans certaines conditions peuvent s’annuler mutuellement et produire de l’obscurité. Or, d’après M. Magy, la subjectivité de l’étendue est du même ordre que celle de la lumière. L’étendue en général s’explique par des raisons purement dynamiques, aussi aisément que l’étendue particulière qui sert en quelque sorte de support aux phénomènes lumineux, lesquels résultent manifestement de la vibration des principes inétendus. M. Helmholtz, dans ses dernières publications, adopte complètement cette doctrine de l’étendue corporelle.

On voit ainsi qu’il n’y a pas de difficulté à composer l’étendue avec des forces inétendues et les phénomènes d’extension avec des principes d’action ; mais ce n’est que la première partie du problème, et il importe de remonter maintenant de ces forces inétendues, de ces principes d’action aux manifestations plus ou moins complexes qui, décorations éternelles de l’espace, constituent l’univers infini. Imaginons cet univers rempli d’un nombre aussi grand que l’on voudra de principes actifs, identiques les uns aux autres, uniformément répandus dans l’immensité, et par suite en état d’équilibre parfait. Tout sera endormi dans un sommeil absolu, où la forme sans figure et la force sans ressort seront comme si elles n’étaient pas. Entre une substance homogène, immobile et identique à elle-même dans tous les points de l’espace, et le néant, la raison n’aperçoit aucune différence. Dans un pareil système, rien ne pèse, puisqu’il n’y a pas de centre d’attraction ; la chaleur n’y est pas plus possible que la lumière, puisque ces deux formes de l’énergie sont liées à l’existence de systèmes de vibrations inégaux, de milieux diversifiés et de groupemens moléculaires variés. A fortiori les phénomènes de la vie seront-ils incompatibles avec cette universelle unité de substance, avec cette invariable identité dynamique.

L’existence objective des choses, la réalisation des phénomènes ne peut donc être conçue que comme l’ouvrage d’un certain nombre de différentiations survenant au sein de l’énergie universelle de la matière primitive, qui est le terme de l’analyse du monde. Le mouvement à lui seul suffit à expliquer un premier attribut de cette énergie, à savoir la résistance et par suite l’impénétrabilité, mais à la condition que ce mouvement se fera dans des directions