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LA
LITTERATURE PROFANE
EN GAULE AU IVe SIECLE

LES GRANDES ECOLES. — AUSONE ET RUTILIUS[1].

Lorsque l’on étudie d’un esprit attentif l’histoire de la littérature latine et les six siècles de son existence, on reconnaît en cette longue période de vie quatre âges successifs correspondant à chacune des grandes nations qui composèrent l’empire d’Occident. On voit le sceptre littéraire passer tour à tour de l’Italie à l’Espagne, de l’Espagne à l’Afrique et de l’Afrique à la Gaule : c’est l’ordre même suivant lequel s’est fondé le domaine occidental de la ville éternelle. On dirait qu’au toucher de l’épée romaine le sol jusqu’alors le plus infertile se transforme en une terre féconde, où peuvent désormais germer et s’épanouir les lettres comme les arts.

  1. Nos lecteurs savent tout ce que la France a perdu en M. Amédée Thierry. Le noble vieillard portait si vaillamment ce nom deux fois illustre, et il nous devait encore tant de belles œuvres ! L’étude qu’on va lire l’occupait à la veille de sa mort, et il en prononçait, il en corrigeait à haute voix un passage dans le délire de l’heure suprême. En la publiant aujourd’hui avec une douloureuse émotion, nous ne cédons pas seulement au pieux désir de rassembler comme des reliques les dernières pages tracées de sa main : on retrouvera dans ce tableau des écoles gauloises le savoir et la pénétration du grand historien, avec le don de faire revivre les époques disparues. Une autre étude sur les écoles chrétiennes du Ve siècle complétera cette peinture, et ce ne sera pas, nous l’espérons, le dernier legs que nous aura laissé notre éminent collaborateur.