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de la défense pendant tout le siège, et c’était enfin une sorte de reprise d’offensive, le commencement d’une série d’actions engagées par le 13e corps sur le front sud, où il rencontrait devant lui les Prussiens du VIe corps et les Bavarois du IIe corps.

On ne s’arrêtait pas là en effet. Par la possession de Villejuif et des Hautes-Bruyères, on avait un solide point d’appui pour des entreprises sur les lignes allemandes. Une première fois, le 30 septembre, on se décidait à une sérieuse démonstration. Il s’agissait d’abord d’un rapide et vigoureux coup de main à tenter sur Choisy-le-Roi, pour détruire le pont, qui servait aux communications allemandes. Le coup de main transformé devenait une véritable action de guerre engagée sur un espace de 6 kilomètres entre la Bièvre et la Seine, avec près de 20,000 hommes, soutenus eux-mêmes par des diversions du côté de Clamart et vers Créteil à l’extrémité opposée. Il y avait trois points d’attaque désignés à trois colonnes distinctes, l’une, sous le général Blaise, portant son effort à gauche, sur Thiais et Choisy-le-Roi, — l’autre, sous le général Guilhem, marchant au centre sur Chevilly, — la troisième, sous le général Dumoulin, destinée à enlever L’Hay. Le 30 septembre, au lever du jour, un des derniers beaux jours de ce triste automne, les trois colonnes se mettaient en mouvement à peu d’intervalle, après une vive canonnade des forts. La première arrivée était la brigade Guilhem, 35e et 42e qui, s’avançant sur Chevilly, entrait dans le village, son général en tête, et en restait maîtresse. À L’Hay au contraire, la colonne Dumoulin se trouvait arrêtée. À la gauche, une partie des troupes du général Blaise atteignait déjà les premières maisons de Choisy-le-Roi ; mais ici tout dépendait de ce qui se passait à Thiais, où l’on était violemment engagé, où nos soldats s’emparaient même un instant d’une batterie prussienne qu’ils ne pouvaient malheureusement emmener, faute d’attelages. Pendant trois heures, la lutte se poursuivait très vivement. Bientôt cependant les Prussiens commençaient à paraître en force sur tous les points. Ils rentraient à Chevilly, où la brigade Guilhem pouvait se trouver compromise par suite de l’insuccès devant L’Hay, et aussi parce que dès le début du combat elle avait perdu son chef, qui était tombé frappé de dix balles dans la poitrine au moment où il enlevait intrépidement ses soldats. À Thiais, malgré des efforts répétés et énergiques, on fléchissait un peu. Dès lors on ne pouvait songer à pousser l’action plus loin, on n’en avait pas les moyens, et avant dix heures, sur l’ordre du général Vinoy, nos colonnes se repliaient sans trouble, sans confusion, soutenues par les Hautes-Bruyères, Bicêtre, Montrouge, qui couvraient la retraite.

C’est là ce que les Allemands ont appelé la « première grande