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de Galliera, un traité de concession par lequel l’état aliénait pour quatre-vingt-dix ans, à partir de 1858, terme fixé pour l’achèvement des lignes, les chemins de fer lui appartenant (hors ceux de la ligne de Vienne à Trieste) en exploitation ou en construction, il cédait de plus en toute propriété, c’est-à-dire à perpétuité, un ensemble de domaines ruraux et forestiers situés principalement dans le banat de Temeswar, enfin des mines et usines dans la même localité et en Bohême. L’ensemble de 1,100 kilomètres de chemins de fer concédés avec le matériel était vendu pour 170 millions de francs, les mines, usines et domaines pour 30 millions ! L’état garantissait sur ce capital un minimum de revenu de 5 2/10 pour 100.

Les concessionnaires fondèrent à la même date la société dite Société autrichienne des chemins de fer de l’état, qui comprenait, outre les lignes reprises au gouvernement, celle de Vienne à Raab, rachetée à ses propriétaires, et qui, en dehors de l’exploitation des usines, des mines et des domaines concédés, dut pourvoir à la fabrication des machines à Vienne dépendant de l’acquisition de Raab, à celle des canons de fer pour le compte de l’état[1], enfin à la fourniture des charbons pour les besoins de la marine et la consommation des bateaux à vapeur. En Bohême, il y avait au nord de Prague des mines de houille en exploitation, des gisemens de lignites non encore exploités. Dans le Banat, outre des mines de houille se trouvaient des mines métalliques, fer, cuivre, zinc, argent et or, les domaines et les forêts. L’ensemble des propriétés renfermait 130,000 hectares, dont 91,000 de bois de la plus grande richesse. La société avait donc à la fois à construire et à exploiter des lignes de fer, à fabriquer des machines, à fondre des canons, à extraire du charbon, à forger et fondre tous les métaux, cuivre, fer, acier, à aménager des forêts, enfin à administrer un vaste territoire, à pourvoir en un mot aux intérêts de toute sorte des villages dont les terrains occupent 100,000 hectares et renferment 135,000 habitans. On peut affirmer qu’aucune société de ce genre n’existe en aucun autre pays.

La création de la société appelée à Vienne Staats-Bahn et en France la Société autrichienne est le point de départ d’une ère toute nouvelle dans l’industrie des chemins de fer en Autriche : avec les facilités qu’elle donna au gouvernement pour relever son crédit, elle stimula l’esprit d’entreprise, et son succès suscita de nombreux imitateurs. Quelques années après, le 13 avril 1858, le chemin du sud était concédé pour 250 millions de francs aux fondateurs de la ligne lombardo-vénitienne, et devait fournir un trajet direct de la capitale de l’empire aux chefs-lieux des provinces italiennes, Trieste,

  1. Cette fabrication ne dura pas plus d’un an.