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La prospérité de la Société autrichienne dans son réseau du nord, due aux progrès de la richesse générale, ne saurait donc être l’objet d’un doute pour l’avenir, car elle tient à une cause dont rien ne peut faire prévoir la fin, et l’embranchement qu’elle poursuit vers Breslau et Stettin lui assure la jonction la plus directe avec l’Allemagne du nord. Pour le réseau du sud en Hongrie, elle est aussi appelée spécialement à fournir le plus facile accès vers cet Orient qui semble à la veille de sortir de son engourdissement séculaire, et à qui la Hongrie peut seule aujourd’hui rouvrir les portes du monde européen dont elle l’avait elle-même repoussé. Le rôle qu’une modeste société industrielle doit jouer dans cette phase de l’histoire apparaît surtout par la situation qui lui a été faite à l’extrémité même de l’empire, c’est-à-dire dans le banat de Temeswar.


II.

Nulle part plus qu’en Hongrie, l’exposition de Vienne de 1873 n’a été l’objet des préoccupations publiques. Le pays tout entier s’est couvert de comités locaux, ardens à exciter le zèle des exposans; c’était pour la première fois que la Hongrie devait affirmer aux yeux du monde ses forces productives et son existence industrielle. A l’exposition de Paris, en 1867, elle était confondue avec l’Autriche; en 1873, dans l’exposition de Vienne, elle a occupé, tant par le nombre de ses exposans que par sa place, le troisième rang, et des commissaires spéciaux avaient montré un soin jaloux à séparer la section hongroise de toutes les autres par des barrières, des drapeaux, des emblèmes de toute sorte, aux couleurs nationales. Il est ressorti de cette exhibition la preuve manifeste que la Hongrie est un état d’agriculture par excellence : la production consiste en vin, en laines, en blé. Les vins, qui ne peuvent lutter avec les nôtres, auront des débouchés de plus en plus larges vers le nord et l’est. Le blé rouge de Hongrie est le plus riche de tous en gluten ; il laisse bien loin derrière lui les blés d’Amérique : entre tous, le froment du Banat a le poids le plus lourd. — Sous le rapport industriel, la Hongrie occupe un rang plus modeste, la plupart de ses fabriques même se rapportent à l’agriculture, et les moulins à vapeur en particulier s’y sont construits avec une rapidité qui dépasse les besoins de la consommation. L’immense développement de l’industrie minotière en Hongrie n’est cependant pas arrivée à son terme, puisque sous la forme de farines les produits agricoles se prêtent mieux à l’exportation, et que chaque jour les relations s’étendent avec l’étranger. Déjà les moulins de Pesth, Temeswar, Szegedin, exportent en quantités importantes des farines de blé en Égypte, au Brésil, à La Plata. La question du